C’est une chose bien connue des économistes: la création de richesse par employé est plus importante dans le secteur secondaire que dans le tertiaire. Plus de 1 million de chiffre d’affaire par employé dans les grandes marques horlogères, 600.000 pour le pharma et 400.000 dans l’industrie de la machine, contre par exemple moins de 300.000 dans la grande distribution alimentaire.
Pourtant le mythe d’un secteur bancaire au cœur de la création de richesse se maintient. Pourquoi une telle erreur de jugement?
Sans doute parce que l’on confond la création d’emploi avec celle de richesse. Le monde politique en est en partie responsable. À force de craindre le chômage, il a favorisé un discours sur l’emploi et sa tertiairisation. Ainsi, des pays comme la France ou l’Angleterre ont perdu des pans entiers de leur industrie. On parle alors de désindustrialisation et on pourrait tout aussi bien parler de paupérisation. La part de l’industrie dans le PIB est tombé à moins de 12% en France contre 25% en Suisse.
Remettre l’industrie au centre du discours politique devrait donc être la tâche de tout politicien. Mais en Suisse comme ailleurs, on ne le fait guère. Pourtant, il existe une opportunité extraordinaire provoquée par la 4ème révolution industrielle. L’industrie est en effet à la veille de gain en efficacité comme jamais elle n’a connu, tout en prenant en compte l’urgence des défis environnementaux. L’Intelligence artificielle, l’impression 3D, le Big Data, la réalité virtuelle ou augmentée vont «booster» une nouvelle industrie. Les nations qui auront conservé un secteur secondaire puissant seront donc les gagnantes de demain.
Mais une fois de plus il ne faut pas perdre de vue que tout se passe au niveau local et des entreprises. C’est là que la révolution doit avoir lieu pour atteindre un résultat global.
Cher Cla-Val, près de Lausanne, Hugo van Buel applique le principe de création de richesse au quotidien. C’est très simple dit-il: «créer de la richesse, c’est faire des bénéfices… par exemple je sais toujours quand nous avons dépassé notre seuil de rentabilité. C’est fondamental car à partir de là nous dégageons de la marge… Cela nous permet aussi de nous améliorer … c’est comme cela que l’on fait des gains en efficacité … c’est tout simple.»
Eh bien espérons que le politique comprenne cette simplicité et que l’industrie retrouve sa place légitime dans le cœur des Suisses!