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Libre circulation des personnes: un accord vertueux

L’ouverture du marché du travail aux travailleurs européen ne concurrence pas la main-d’œuvre indigène, mais la complète judicieusement. Par Marco Taddei

«L’ouverture à l’Union européenne s’est avérée essentielle pour répondre aux besoins croissants des entreprises en profils pointus que le marché du travail national ne permet pas de satisfaire.»
KEYSTONE
«L’ouverture à l’Union européenne s’est avérée essentielle pour répondre aux besoins croissants des entreprises en profils pointus que le marché du travail national ne permet pas de satisfaire.»
Marco Taddei
Union patronale suisse - Responsable Suisse romande
24 juillet 2023, 15h00
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C’est désormais une tradition. Depuis 2005, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) publie au début du mois de juillet son rapport sur la mise en œuvre de l’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes (ALCP) avec l’Union européenne. Cette année encore, le document dresse un bilan extrêmement positif de l’ouverture de notre marché du travail à l’immigration européenne, qui profite autant aux entreprises qu’à la population.

Quelques chiffres pour illustrer cet impact bénéfique. Depuis l’entrée en vigueur de l’ALCP en 2002, le PIB par habitant a globalement augmenté de près de 20%. Les gains de productivité ainsi réalisés se sont traduits par une hausse des salaires réels de 0,5% par an. Par ricochet, la participation au marché du travail a augmenté de 1,1% en moyenne entre 2002 et 2022.

Contrairement aux craintes véhiculées par les adversaires de l’ALCP, les travailleurs européens ne concurrencent pas la main-d’œuvre indigène, mais la complètent judicieusement. Pour preuve: le taux de chômage, qui se situait à 1,9% en juin dernier, est à son niveau le plus bas en Suisse depuis l’année 2000.

Sur fond de vieillissement démographique, la pénurie de main-d’œuvre n’est pas près de s’estomper ces prochaines années

L’ALCP agit comme un levier pour favoriser le recrutement de spécialistes. Ces vingt dernières années, le marché du travail suisse a connu une mutation structurelle considérable qui profite aux emplois hautement qualifiés. Dans ce nouveau contexte, l’ouverture à l’UE s’est avérée essentielle pour répondre aux besoins croissants des entreprises en profils pointus que le marché du travail national ne permet pas de satisfaire.

Depuis la levée des principales mesures de protection contre le coronavirus, la pénurie de main-d’œuvre a pris des proportions inédites en Suisse. Sur fond de vieillissement démographique, ce manque n’est pas près de s’estomper ces prochaines années. Pour le dire autrement, à l’avenir aussi, les entreprises resteront tributaires de l’ALCP pour l’engagement de nouveaux collaborateurs.

La libre circulation des personnes profite également aux assurances sociales. Depuis 2002, le montant des cotisations des ressortissants de l’UE est nettement supérieur aux prestations dont ils bénéficient.

A la lumière de ces éléments, le récent lancement de l’initiative populaire «pour la durabilité», qui préconise de mettre fin à l’ALCP, suscite incompréhension et inquiétude. Les initiantes et initiants jouent aux apprentis sorciers. Cette démarche est d’autant plus critiquable que le texte n’apporte aucune solution face au manque lancinant de personnel qui va s’aggraver en cas d’abandon de l’ALCP.