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L’heure est bel et bien venue pour la transition

«Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue», disait Victor Hugo.

Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
03 décembre 2020, 15h49
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Les nouveaux engagements pris par les pays et les entreprises en faveur du climat semblent confirmer chaque jour que l’heure est bel et bien venue pour la transition vers un modèle économique plus durable. Le nombre de pays engagés à supprimer la vente des véhicules à combustion se multiplie. En Autriche, l’objectif doit être atteint en 2022 (pour le secteur public), en Chine 2035, et nombreux sont ceux qui visent 2030, dont l’Angleterre qui a récemment adopté cet objectif contre 2040 auparavant.

Bien sûr, tant que les véhicules à combustion continuent à circuler et restent majoritaires sur nos routes, la baisse des émissions de gaz à effet de serre sera modérée. Néanmoins, ces engagements marquent un changement de trajectoire important. La Chine a le nombre de véhicules le plus élevé au monde: 295 millions de véhicules enregistrés, devançant les 281 millions des Etats-Unis et les 210 millions de l’Inde. L’engagement pris par la Chine dictera pour beaucoup l’orientation de cette industrie sur le plan mondial, et le message est clair: le règne des véhicules à moteur à combustion interne purs touche à sa fin.

Les objectifs pris par les pays, les villes, et les entreprises en faveur de trajectoires d’émissions nette-zéro ont plus que doublé depuis un an. La majorité de ces plans envisagent d’atteindre leur but d’ici 2050. Toutefois, ces engagements restent globalement insuffisants pour être alignés avec l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris sur le climat, visant à limiter le réchauffement climatique à 1.5°C (relativement à la température moyenne pré- révolution industrielle). Pour ce faire, il faudrait réduire les émissions de 50% d’ici 2030. L’Europe est la région la plus avancée dans ce domaine, et son parlement a adopté un objectif de réduction des émissions de 60% d’ici 2030.

Le suivi des efforts consentis par les pays dans ce domaine est grandement facilité par les chercheurs des universités de Yale et Columbia qui produisent un indice de performance environnementale. L’édition 2020 confirme l’avance qu’ont les pays européens qui occupent les 11 premiers rangs dont le top-trois inclut le Danemark, le Luxembourg, et la Suisse, dans cet ordre. Les Etats-Unis sont 24e dans le classement, et la Chine 120e. 

On peut s’attendre à un bien meilleur classement pour les Etats-Unis l’année prochaine car Joe Biden a un plan ambitieux pour le climat et a promis de rejoindre l’accord de Paris le premier jour de son administration. Il est difficile d’occulter l’importance pour le climat d’avoir les Etats-Unis «de son côté».

Et n’oublions pas les préoccupations des investisseurs qui changent également. Les investisseurs directs ou représentés par leur intermédiaire financier s’engagent davantage auprès des entreprises dans lesquelles ils investissent. En outre, investisseurs et citoyens se tournent de plus en plus vers la justice pour tenir les gouvernements et les entreprises responsables des conséquences environnementales et sociales de leurs décisions. En juillet de cette année, la Cours suprême irlandaise a jugé le plan du gouvernement concernant le climat insuffisant – obligeant le gouvernement à revoir sa copie. Un fonds de pension suédois a intégré l’acte de poursuivre des sociétés en justice comme un de ses outils pour les forcer juridiquement à adopter les bonnes pratiques. Et certaines entreprises pétrolières sont accusées d’avoir manqué d’informer les investisseurs des risques climatiques inhérent à leurs activités. Le monde change.