Daniel Kalt
UBS Global Wealth Management - Chef économiste Suisse
James Mazeau
UBS Global Wealth Management - Economiste, Chief Investment Office (CIO)
24 novembre 2020, 12h15
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Au printemps, lorsque les marchés d’actions ont commencé à se redresser, la Recherche d’UBS prédisait que les mouvements des marchés financiers durant le restant de l’année seraient dictés par trois facteurs clés: la pandémie, l’élection présidentielle américaine et les plans de relance supplémentaires. Qu’en est-il aujourd’hui?
En ce qui concerne les élections à la présidence et au Congrès des Etats-Unis, on peut avoir une bonne idée du contexte politique dans lequel ce pays sera gouverné à compter de 2021. Même si tout n’est pas encore coulé dans le bronze. Parallèlement, les derniers développements sur le plan médical nourrissent l’espoir de voir une lueur au bout du tunnel sur le front de la pandémie.
La probabilité de réalisation du scénario haussier de la Recherche d’UBS pour l’économie et les marchés financiers s’en trouve nettement renforcée. Ainsi, la conjoncture mondiale pourrait, dans les deux à trois prochaines années, se redresser plus rapidement qu’on ne le pensait encore récemment. Cette impression est confortée par des bénéfices publiés au 3e trimestre meilleurs que prévus.
Dans ce contexte, les valeurs plus cycliques et les petites et moyennes capitalisations se développeront certainement mieux que les méga-capitalisations, et surtout que les grandes capitalisations technologiques américaines. Aux Etats-Unis en particulier, un blocage au Congrès pourrait avoir quelques effets positifs à ce niveau. Avec un contrôle républicain du Sénat, il serait moins probable que les impôts augmentent fortement pour les entreprises et les particuliers dans les années qui viennent.
Par ailleurs, le nouveau gouvernement américain parviendra certainement à faire passer un nouveau plan d’aide en réponse à la crise du coronavirus. Son montant devrait se situer entre 500 et 1000 milliards de dollars, soit entre 2,5 et 5% environ du PIB. Cette toile de fond devrait rejaillir positivement sur les dépenses de consommation et sur la confiance des entreprises.
La situation est similaire en Europe, où il est aussi conseillé de miser davantage sur les moyennes capitalisations cycliques et sur les titres qui sont restés à la traîne jusqu’ici pendant la reprise boursière, mais également sur les valeurs qui profiteront de l’ouverture des frontières à l’issue des «mini-confinements».
En Suisse aussi, les PME sont plus cycliques que les grandes entreprises. Actuellement, elles souffrent donc davantage, mais vont, à moyen terme, bénéficier plus fortement de la reprise conjoncturelle. Cela dit, l’évaluation des moyennes capitalisations helvétiques est comparativement peu intéressante. Sur la base des estimations de bénéfices d’entreprises pour les douze prochains mois, la prime d’évaluation par rapport au PER (Price Earnings Ratio) s’établit actuellement à près de 40%, contre une moyenne à long terme de 12%.
La Recherche d’UBS reste d’avis que, sur le long terme, la croissance organique des moyennes capitalisations surpassera celle des grandes capitalisations. L’avantage en termes de croissance devrait toutefois être un peu moindre dans les cinq à dix prochaines années que sur la même période passée. C’est pourquoi il est recommandé pour l’heure de s’engager dans les moyennes capitalisations états-uniennes et européennes plutôt que suisses.
* Chef économiste Suisse / CIO UBS GLOBAL WEALTH MANAGEMENT