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Les «investissements de rupture» d’Elon Musk

Xavier Comtesse
Xavier Comtesse
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
01 septembre 2020, 13h35
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Connu d’abord pour avoir possédé PayPal, il fit sensation ensuite dans le monde de la technologie, mais aussi de la finance avec SpaceX, Tesla, PowerWall, Hyperloop et plus récemment avec OpenAI, Neuralink et The Boring Company… le tout en moins de 20 ans. Impressionnant de diversité et d’audace. Mais qui est-il vraiment ? D’abord, Elon Musk n’est pas un inventeur, il est un investisseur. Ce n’est pas Graham Bell. Il met juste en musique des inventions… certes avec brio. Ensuite, il n’est pas non plus un banquier, ni même un capital-risqueur. Il s’investit personnellement dans ses investissements. Il en est le porteur du projet en quelque sorte. Enfin, il n’est pas qu’un visionnaire mais avant tout un « faiseur ». Il accomplit ses rêves, ses fantasmes et même si ses investissements sont toujours au bord de la rupture, ils ont un grand succès en bourse. Tesla a vu son titre multiplié par plus de trois depuis le début de l'année et vaut désormais plus de 250 milliards de dollars à Wall Street, soit plus que les trois géants du secteur automobile américain réunis, General Motors (41 milliards), Ford (29 milliards) et Fiat-Chrysler (23 milliards). Tesla vient de « spliter » la valeur de son action pour donner l’opportunité à chacun dans acquérir. Prenons un exemple emblématique de son approche : OpenAI, association fondée en 2015 à San Francisco dans le domaine de l’intelligence artificielle. Elle a la pour mission de développer une intelligence artificielle (IA) à visage humain. Bon, cela ressemble à un projet charismatique. En fait, dépassée par son succès, OpenAI est devenue une société anonyme à la fois pour capter et sécuriser des capitaux nouveaux et pour commercialiser un produit phare : le GPT. À la base, GPT est une plateforme logicielle capable, sans supervision humaine, de produire du texte. Certes, pas n’importe quel texte puisque l’on va donner au système des mots clés, un style d’écriture (faire du Proust) et un titre (qui donnera l’orientation précise à l’IA). Ces textes produits sont de qualité. Comme c’est du texte, on peut lui demander toute sorte de textes dans n’importe quelle langue et même des traductions. Mais le plus surprenant tient au fait qu’on peut lui faire écrire des logiciels dans n’importe quel langage informatique. Et comme le disait une fois Elon Musk : «l’intelligence artificielle finira bien par écrire son propre langage» si bien qu’on sera définitivement «largué». On n’en est pas loin.  Jugez plutôt. Les versions successives de GPT se sont fortement améliorées. La version 3, qui vient de sortir cet été, est tout simplement affolante de qualité. Si l’on appliquait le test de Turing (l’impossibilité de remarquer la différence entre ordinateur (IA) et humain), alors GPT-3 passerait haut la main le test. Il faut l’admettre : on ne voit pas de différence. On ne sait pas qui de l’IA ou de l’humain a écrit le texte ! C’est problématique. La recherche en IA appliquée vient de franchir une étape. Ces logiciels non-supervisés par l’homme (comme le GPT-3) sont de plus en plus en train de nous échapper complètement. La question se pose avec urgence : que faire pour rester maître de notre destin ? La réponse est dans le CODE. Code informatique bien sûr, mais aussi code juridique. Il faut encadrer le développement, pas l’arrêter mais lui donner des « guidelines ». Il faut décider où l’on veut aller avant que cela soit trop tard. Pour ce faire, il faut faire appel conjointement aux juristes et aux informaticiens. C’est exactement la mission que s’est donné CODE_IA un nouveau Think Tank créé cet été à Genève. * Manufacture Thinking