Le concept de «frontières planétaires» a été élaboré en 2009 par Johan Rockström, ancien directeur du Centre de la résilience de Stockholm, et son équipe. Pour ces scientifiques, l’enjeu était de délimiter par des valeurs quantitatives le périmètre à l’intérieur duquel l’humanité peut continuer à se développer et à prospérer durablement. A l’inverse, le franchissement de ces limites augmente le risque de générer des changements environnementaux abrupts, voire irréversibles.
Partant de cette réflexion, un document de travail du GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) que l’Agence France-Presse s’est procuré, définit des points de bascule irréversibles au-delà desquels tout retour en arrière pourrait s’avérer impossible.
A titre d’exemple, la fonte des glaciers, en induisant un ruissellement d’eau sous la glace, pourrait devenir potentiellement inarrêtable, même si nous parvenions à limiter le réchauffement futur de la planète.
Le GIEC définit douze points de bascule potentiels, tandis que l’analyse des frontières planétaires se limite à neuf facteurs. Selon cette dernière, nous avons déjà dépassé la zone «durable» de quatre d’entre eux, sans pour autant avoir atteint des points de bascule. Les domaines concernés sont le changement climatique, l’intégrité de la biosphère, l’utilisation des terres et la stabilité du cycle biogéochimique (le processus de transformation cyclique d'un élément ou composé chimique entre les grands réservoirs que sont la géosphère, l'atmosphère, l'hydrosphère).
La vie sur Terre peut se remettre d’un changement drastique, mais pas l’humanité.
Des modèles antérieurs à ces systèmes n’envisageaient pas que le changement climatique puisse fondamentalement altérer la vie sur Terre avant l’an 2100. Or le document du GIEC établit qu’un réchauffement proche de 1.5°C sur une longue durée pourrait avoir des conséquences sérieuses pendant plusieurs siècles, voire se révéler irréversible. Sa conclusion? Si la vie sur Terre peut se remettre d’un changement drastique en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes, l’humanité, elle, ne le pourrait pas.
Ce franc-parler a pour seule ambition de prendre la juste mesure du défi auquel nous faisons face. En effet, pour appliquer les bons remèdes, mieux vaut connaître l’ampleur de la maladie. Nous voilà désormais avertis…