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Les données, un nouveau type de capital

Par Xavier Comtesse et Philippe Grize

Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
Philippe Grize
Administrateur indépendant
12 avril 2021, 13h57
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La technologie reste mystérieuse pour beaucoup. Georges Kotrotsios Membre du board executive CSEM à Neuchâtel, dans son dernier livre* qui est paru en anglais chez Cambridge Scholars Publishing, tente de nous donner les clés de lecture pour comprendre ce qui ne l’est pas. Tour d’horizon rapide avec son auteur :

Vous dites que traditionnellement l'impact technologique était considéré comme neutre… pourquoi ce ne serait plus le cas aujourd'hui ? 

Il est désormais de notoriété publique que les données (data) sont une valeur un peu comparable à l’or. Certains disent même qu’elles sont le «pétrole» du XXIe siècle. C’est vrai! Les données sont parfois comparées à l’or ou au pétrole, car elles recèlent une valeur économique et, par conséquent, constituent un authentique capital. Cependant, elles se révèlent être un nouveau type de capital avec des propriétés différentes de celui auquel nous sommes habitués incarné par l’argent, l’immobilier ou par exemple, un parc de machines. Un individu, une entreprise ou une organisation, peuvent être les propriétaires uniques des actifs traditionnels. Ce n’est pas le cas des données! Les données sont aussi beaucoup plus mobiles que les actifs traditionnels. Par ces propriétés spécifiques, les données agissent comme un levier du capital traditionnel. Ainsi, par leur nature même, elles ne sont donc pas neutres dans les processus économiques.

Les données sont au centre de votre livre… Pourquoi devraient-elles être au cœur de nos vies ?

Les données sont au centre de mon livre, car elles font déjà partie de nos vies. Les données sont une sorte de super accélérateur des interactions entre la technologie, l’activité productive et la société. Cette interaction existait déjà, mais jamais avec l’intensité que nous lui connaissons aujourd’hui. Les données agissent comme un lubrificateur dans les rouages de ce processus. Même si elles ne sont pas (encore…) au coeur de certains métiers, par exemple d’un coiffeur, l’édification, en cours, des empires industriels basée précisément sur la valeur des données, a et aura, des répercussions sur son activité voire son quotidien par l’apparition des objets connectés qui lui seront dédiés. Ce phénomène est, d’une certaine façon, un facteur déstabilisant de nos sociétés. Il s’amplifie, de jour en jour, justement à cause de cette dynamique croissante d’interactions, induite par les données, entre les technologies et la société.

* Georges Kotrotsios,«Data, New Technologies, and Global Imbalances: Beyond the Obvious», Cambridge Scholars Publishing, mars 2021