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Les armes des pauvres

Pour éteindre l'épidémie, il faut que la majorité de la population mondiale soit vaccinée. Par Jacques Neirynck

Jacques Neirynck
Ancien conseiller national
17 juin 2021, 13h19
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Comme ils ne possèdent rien d’autre, leurs corps sont leurs seules armes. Les travailleurs louent leurs bras à un employeur pour acquérir leur pitance. Mais la masse des pauvres constitue aussi une arme redoutable.

On en a la révélation par l’épidémie qui perturbe le jeu coutumier de l’économie. Pour l’éteindre, il faut que la majorité de la population mondiale soit vaccinée.

Or, selon la logique habituelle les nations riches ont acheté les vaccins et les nations pauvres n’en ont pas les moyens. Dans un pays riche, 20% de la population est vaccinée en moyenne: dans un pays pauvre 0.2%. Dès lors, si l’épidémie persiste dans le monde sous-développé, le virus continuera à muter et à devenir encore plus agressif. De gré ou de force, les riches devront payer les vaccins des pauvres et même y envoyer parfois des équipes médicales. Quoi qu’il en coute!  

Dans un pays riche, 20% de la population est vaccinée en moyenne: dans un pays pauvre 0.2%.

Cette solidarité devra s’étendre à tout ce qui conditionne la survie, la nourriture, la formation, l’emploi. Aux portes de l’Europe se situe l’immense continent africain avec un milliard trois cents millions d’habitants. Dans la plupart des pays du continent, la croissance de la population dépasse 2% par an. Dès lors la visée des deux milliards n’est pas loin.

Pour beaucoup de jeunes, le seul espoir est de parvenir en Europe afin d’échapper à la pauvreté absolue. Dès lors la Méditerranée est le lieu d’un exode périlleux avec un contingent sans cesse renouvelé de morts. Seules quelques ONG tentent de pallier ce désastre avec des moyens trop faibles. L’Europe s’efforce de contenir ce flot en subsidiant la Turquie, la Lybie et le Maroc afin de servir de chiens de garde. 

Que représentent ces quelques milliers de désespérés par rapport aux deux milliards qui tôt ou tard tenteront une action de masse sur l’Europe. La seule façon de se prémunir contre ce cataclysme serait de développer l’Afrique, pour qu’elle puisse exploiter ses prodigieuses richesses et fixer sur place cette marée humaine. Tout cela avait bien été tenté durant la colonisation, qui s’est arrêtée inopinément aux alentours de 1960, parce qu’elle ne respectait pas la dignité élémentaire des Africains. 

Le Conseil fédéral et le Parlement ont alloué à la Coopération internationale un montant total de 11,25 milliards de francs pour la période actuelle de la stratégie de la Suisse (2021-2024). Cela permet de parer au plus pressé par des opérations ponctuelles mais cela ne va pas changer le sens de l’Histoire.