Anticipant les récentes votations, plusieurs cantons romands, dont Genève et Vaud, ont édicté ces dernières années des lois et règlements d’application qui exigent des chauffeurs de taxi et VTC professionnels qu’ils démontrent que les émissions de CO2 de leur véhicule ne dépassent pas des limites de l’ordre de 100 grammes de CO2 par kilomètre. Des villes comme Lausanne ont même imposé que l’ensemble des taxis soient 100% électriques d’ici à juillet 2025 et pour certains taxis d’ici à juillet 2027.
Alors que l’intention des autorités est louable, le soutien auprès des chauffeurs et entreprises de transports afin de les accompagner dans cette transition semble limité. A l’origine, les lois encadrant le transport professionnel ont été rédigées avant la période du Covid et sans véritable marche à suivre sur la mise en place des limitations de CO2. De nombreux professionnels du secteur, chauffeurs comme partenaires, font aujourd’hui preuve d’une inquiétude quant aux mesures d’autorités qui tendraient à appliquer de manière trop brutale des exigences de niveaux de CO2 très strictes.
Pourtant, des engagements et des mesures concrètes pour une mobilité plus verte ont déjà été pris par le secteur privé. Nombreuses sont les entreprises qui se sont mobilisées en développant activement de nouvelles offres à faible taux d’émission destinées à leurs utilisateurs. Plusieurs constructeurs étoffent leur portefeuille de marques 100% électriques et permettent aux chauffeurs VTC et taxi de bénéficier de voitures confortables et avec un large rayon d’action. Des partenariats entre VTC et des acteurs actifs au niveau des bornes de chargement sont aussi en train de voir le jour. Uber s'est engagée à devenir neutre en CO2 en Europe d'ici 2030.
Des programmes de subventions destinés aux exploitants taxi et VTC faisant l’acquisition de véhicules sans émission agréés doivent voir le jour
Jean-Pascal Aribot
Dans les faits, cette transition est rendue difficile par une logistique d’import des voitures électriques sous pression, d’une part, et par des possibilités de recharge de batterie pour des niveaux professionnels encore peu répandues, d’autre part. Si les autorités n’ont que peu de marge de manœuvre sur la chaîne d’approvisionnement globale, il en est autrement pour le déploiement des infrastructures nécessaires à l’électrification de la mobilité. Il conviendrait alors de poursuivre le développement du réseau de bornes de recharge électrique sur tout le territoire à travers un engagement des autorités à accélérer les mises à l’enquête de nouveaux sites permettant la recharge rapide de véhicules électriques.
En outre, des programmes de subventions destinés aux exploitants taxi et VTC faisant l’acquisition de véhicules sans émission agréés doivent voir le jour. Une proposition en ce sens a d’ailleurs déjà été déposée au Grand Conseil genevois en août 2022, mais elle ne concerne que les taxis.
Les récentes votations ont montré que les citoyens suisses souhaitent aller vers un pays sans émission. En informant et en mettant en relation les différentes parties prenantes sur la route d’une mobilité plus verte, les plateformes d’intermédiation ont un rôle clé à jouer.