Le métier de négociant est drapé de nombreux fantasmes, mais il est peu relaté qu’il est avant tout le garant de notre mode de vie développé. En constante évolution car devant s’adapter à un monde qui bouge, le négoce sous-tend de nombreux métiers de notre économie et est aux avant-postes du changement. Avec plus de 35.000 emplois, dont 10.000 autour de l’Arc lémanique, et 4% du PIB, son importance pour l’économie suisse n’est plus à prouver.
Les trois dernières années ont mis à mal le commerce mondial. La crise du Covid d’abord puis la guerre en Ukraine, ont provoqué des chocs sans précédent. Selon certains observateurs, nous sommes entrés dans une nouvelle ère: celle de l’économie de la rareté. Il revient donc au négociant de garantir l’approvisionnement en denrées stratégiques (comme certains matériaux rares) et vitales (comme les céréales ou les hydrocarbures) dans un monde qui se complexifie à grande vitesse.
Cet approvisionnement ne peut être possible sans la coordination de nombreux métiers. Le négociant est en réalité un logisticien faisant la passerelle entre un producteur et un consommateur, souvent distants géographiquement. Le transport, notamment maritime, qui doit assurer la livraison en temps et en heure, est une autre pièce fondamentale du négoce. Au même titre que l’inspection et la certification, le négociant ne pouvant pas se déplacer en personne pour vérifier la qualité de chacun de ses cargos. Toutes ces opérations nécessitent des financements et de multiples services pris en charge par des sociétés d’avocats internationales et autres banques spécialisées.
Les négociants ont un rôle à jouer dans l’identification et le développement de technologies innovantes nécessaires à la transition écologique.
Cédric Cubizolle
En outre, l’industrie du négoce est un réel catalyseur de l’innovation technologique. Les négociants ont un rôle à jouer dans l’identification et le développement de technologies innovantes (stockage du carbone, hydrogène, etc.) pour la production et la transformation de matières premières nécessaires à la transition écologique. De même, les métaux indispensables aux énergies renouvelables, comme les panneaux solaires ou les éoliennes, peuvent être extraits, transformés et acheminés par le biais des négociants.
Tout cet écosystème exige de nombreuses compétences transmises par l’apprentissage ou des filières universitaires. Et la Suisse n’est pas en reste. Genève propose des formations certifiées parmi les plus reconnues au monde, grâce à la HEG de Genève et l’Unige, par exemple, qui assurent depuis plus de 10 ans une formation locale de qualité pour les futurs professionnels du secteur.
Le négoce est également un contributeur fiscal essentiel de la Suisse, représentant ainsi plus de 20% des recettes fiscales du canton de Genève. Cette industrie est soumise dans notre pays à un cadre juridique et une gouvernance mature. Un départ de celle-ci pour des pays moins regardants serait largement défavorable, tant pour la Suisse que pour les pays producteurs qui verraient une dégradation notable de la conduite de leurs affaires.
