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Le Groenland: un investissement d’avenir

Par Damien Degeorges

Damien Degeorges
Spécialiste des pays nordiques
29 août 2019, 15h21
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L’intérêt de Donald Trump pour une acquisition du Groenland aura permis de mettre en exergue les enjeux et les atouts de cette île danoise dans un contexte de changement climatique accéléré dans l’Arctique.

Au XXIe, en Occident, il va de soi que l’idée d’une acquisition par un Etat d’un territoire sous souveraineté étrangère a de quoi surprendre. L’intérêt du président américain Donald Trump d’acquérir le Groenland, évoqué par le Wall Street Journal et confirmé par l’intéressé lui-même, rappelle pourtant que l’idée pour les Etats-Unis d’acquérir le Groenland n’est, historiquement, pas nouvelle.

Cette île géographiquement nord-américaine, grande comme environ quatre fois la France et dont la population avoisine celle de Chambéry, a tout, particulièrement depuis une dizaine d’années, pour rendre les Etats-Unis nerveux. D’autant qu’au nord-ouest de ce territoire arctique, l’armée américaine dispose de la base de Thule, des plus stratégiques pour la sécurité du territoire américain.

Chine vs Etats-Unis

Or pour rester maître du jeu dans leur sphère d’influence, les Etats-Unis auraient tout intérêt à «acheter» le Groenland, autrement dit à investir stratégiquement sur ce territoire. Au vu de l’activisme chinois au Groenland depuis un certain nombre d’années, mieux vaut être le premier. En 2009, le Groenland a acquis un statut d’autonomie renforcée au sein du Royaume de Danemark.

La concrétisation d’un Etat groenlandais ne devait être qu’une formalité, au vu notamment des ressources supposées en hydrocarbures au large du territoire. Outre le fait que ce potentiel ne s’est pas concrétisé de manière commercialement viable, la réalité géopolitique de cette île et de sa région, l’Arctique, a depuis pris le pas sur ce projet d’Etat groenlandais qui, au vu notamment des caractéristiques du territoire, se révèle année après année plus fantasmatique que réaliste en termes de viabilité.

L’intérêt chinois pour le Groenland, qui a cessé de susciter une simple curiosité, en particulier du côté de Washington, est entre autre passé par là. En 2019, les Etats-Unis ont décidé d’agir de manière plus visible avec notamment l’intention annoncée en mai du rétablissement «dès que possible» d’une présence diplomatique permanente au Groenland.

Cap sur l’avenir

Particulièrement avec le développement de l’aéroport de sa capitale, Nuuk, le potentiel du Groenland pourrait se dessiner, à terme, dans l’immobilier. Une évidence, vu de Reykjavík et de l’Islande voisine. Surtout vis-à-vis de cadres étrangers qui, tout en restant à proximité des marchés américain et européen, souhaiteront s’offrir un havre de paix, dans une capitale où l’air et l’eau sont d’une qualité aussi rare, loin des températures caniculaires que les grandes capitales occidentales devraient connaître de plus en plus à l’avenir. L’histoire ne dit pas si Donald Trump songe à un retour dans l’immobilier au sortir de la Maison Blanche. Reste que le Groenland est un investissement d’avenir à plus d’un titre.