Pour les entreprises, l’énergie est un facteur de compétitivité important. Garantir son approvisionnement à des prix stables est pour beaucoup d’entre elles vital. Les menaces de black-out et les augmentations soudaines de prix l’année dernière ont été très mal vécues. Dans cette situation, que nous réserve demain? Réuni autour de Gaëtan Cherix, directeur de la haute école d’ingénieur de la HES-SO Valais-Wallis, un groupe d’experts a levé le voile sur cet avenir incertain. Quatre thèses fortes et peu connues du monde politique ont été discutées:
1. Le renouvelable pourrait être suffisant à lui seul pour couvrir tous les besoins futurs de la Suisse;
2. Le prix de l’électricité (à la production) est tendanciellement à la baisse;
3. Le stockage de l’électricité est aujourd’hui l’enjeu clé;
4. Les terres rares ne sont pas rares du tout.
Cet ensemble de quatre thèses doit évidemment être pris avec beaucoup de nuances, car il y a plein de sous-entendus dans ces affirmations. Ainsi, Yasmine Calisesi de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) de préciser: les ressources renouvelables en Suisse (dont le photovoltaïque, l’éolien, la géothermie, le bois, les déchets, les barrages, la chaleur ambiante, etc.) seront effectivement bien suffisantes pour couvrir à terme notre consommation d’énergie finale, mais ceci en tenant compte de la réduction de la consommation qui devra se poursuivre. On ne parle pas que d’électricité ici, mais aussi de chaleur et d’énergie mécanique.
Pour les milieux économiques, la question se pose immédiatement: d’accord, mais à quel prix? Alors là, bonne nouvelle, cela pourrait être finalement moins cher! Le professeur Dominique Genoud (HES-Valais) de compléter: on observe depuis de nombreuses années, à la fois une augmentation de la rentabilité des panneaux solaires et une baisse du prix de ceux-ci.
Reste alors la problématique centrale du stockage. En effet, les panneaux solaires ou les éoliennes ne produisent pas en continu de l’électricité. Il faut la stocker. Pour Alexandre Staub (open innovation manager à La Poste) «le stockage de l’énergie est le défi de la décennie. Mais attention, il ne faut pas se limiter à l’électricité si nous pouvons “simplement” produire et stocker de la chaleur pour certains usages».
Il faut soutenir avant tout le renouvelable (pas besoin du nucléaire)
Xavier Comtesse
Bon, reste que l’on a besoin, notamment pour les panneaux et les batteries, de terres rares. Enjeu combien de fois répété par les médias qui souvent mettent en évidence le rôle central de la Chine en la matière. Eh bien, on découvre ces métaux précieux un peu partout sur terre. Dernier en date: un gisement immense en Suède. Pour Giorgio Pauletto (directeur stratégique et innovation aux SIG), «les terres rares ne sont pas si rares. En effet, elles sont présentes un peu partout sur terre mais en assez faibles quantités, à l’inverse des autres métaux qui existent en forte concentration dans des grands gisements. Elles sont surtout rares parce que l’on ne les a pas vraiment encore cherchées massivement. En effet, on sait maintenant qu’il y en a un peu partout et probablement aussi sous nos pieds!»
Un «Take away» rapide pour le politique: pour garder de la compétitivité en Suisse avec des prix stables, abordables et sans ruptures, il faut soutenir avant tout le renouvelable (pas besoin du nucléaire), lancer à grande échelle des projets de recherches appliquées pour le stockage et éventuellement chercher des terres rares en Suisse pour son indépendance future!