En 2020, la branche vaudoise du commerce de détail comptait un chiffre d’affaires total de près de 9 milliards de francs, ce qui représente une fois et demie celui du secteur de la construction et près de la moitié de celui du secteur de l’industrie. Avec 28.976 postes, le commerce est le troisième employeur du canton, comme le montre une étude récente de l'Institut CREA de l'Université de Lausanne.
Le franc fort conduisant à une nette diminution de la demande locale au profit du tourisme d’achat
Olivier Rau
Sur les dix dernières années, l’évolution générale montre une baisse significative du chiffre d’affaires à partir de 2015, qui correspond à l’abandon par la BNS du cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro. L’appréciation du franc a donc eu des impacts importants, le franc fort conduisant à une nette diminution de la demande locale au profit du tourisme d’achat. L’emploi a également souffert, mais dans une moindre mesure.
L’étude confirme qu’en présence d’une baisse de la demande, les entreprises essaient dans un premier temps de réduire leurs coûts en réduisant les nouvelles embauches et en encourageant les départs volontaires. C’est uniquement dans un second temps qu’elles procèdent à des licenciements, réduisant ainsi le niveau d’emploi.
Bien entendu, les plus petits commerces – et 97% des commerces vaudois ont moins de dix collaborateurs – souffrent davantage en cas de chocs négatifs de demande. Ils doivent fermer boutique plus rapidement que les entreprises de plus grande taille, ce qui se reflète dans l’augmentation constante de la surface de vente, même en période de baisse du chiffre d’affaires et du niveau d’emploi.
S’agissant de la pandémie de Covid, elle a donné un net coup d’accélérateur à des tendances de fond observées du côté du commerce en ligne. Ce dernier a en effet véritablement explosé en 2020. Les consommateurs suisses et vaudois, par peur ou par interdiction de se déplacer hors de chez eux, ont eu davantage recours aux boutiques en ligne pour effectuer leurs achats, que ce soit dans le secteur alimentaire ou non alimentaire. Cela s’est fait au détriment du commerce stationnaire vaudois, qui a une nouvelle fois vu son chiffre d’affaires se contracter de manière importante. Ces nouvelles habitudes de consommation sont combinées à une augmentation continue de l’offre en ligne. Le phénomène n’est donc probablement pas que temporaire.
Quant aux achats à l’étranger, après une très forte diminution en 2020, leur volume a connu une hausse en 2021, sans toutefois atteindre le niveau d’avant Covid. La fermeture des frontières a contraint les consommateurs suisses et vaudois à faire leurs achats à proximité, mais bien malin celui qui peut dire si ces changements dictés par la pandémie ont modifié de manière durable les habitudes en faveur d’une consommation plus locale.