Le best de l'éco-finance en VO

27 janvier 2021, 6h00

Jonathan Aldred: Licence to Be Bad

Penguin, 320 pages, 17,80 francs

Jonathan Aldred nous livre ici une excellente lecture du capitalisme, ainsi qu’un voyage divertissant à travers l'économie de la seconde moitié du XXe siècle. Il n'offre ni défense ni critique d'aucune des alternatives au système capitaliste, bien qu'une grande partie de la pensée académique qu'il développe dans son ouvrage semble une réponse directe à la montée des régimes, marxistes ou autres, d'économie planifiée. La morale et l’équité se sont radicalement transformées au cours de ces dernières décennies: l’enseignant à Cambridge parle de véritable économie comportementale, car l’emprise extraordinaire de cette dernière sur notre morale et notre éthique est bien réelle. Mais si notre économie contemporaine est de plus en plus source de corruption, ce n’est pas pour autant une fatalité, et Aldred considère que cette tendance, somme toute récente, peut encore être inversée… (FG)

Thomas Levenson: Money for Nothing

Head of Zeus, 480 pages, 34,90 francs

Dans Money for Nothing, Thomas Levenson raconte l’un des scandales financiers les plus importants de l’histoire du capitalisme moderne, celui de la «bulle de la mer du Sud», en 1720. Initialement créée pour faire du commerce avec l’Amérique espagnole, la Compagnie de la mer du Sud s’est vite lancée dans une fraude financière à grande échelle, en reprenant la dette du gouvernement britannique (!) et en promettant de payer l'État avec l'argent reçu des actions vendues. Au début, la Compagnie a connu un succès étourdissant… jusqu’à son éclatement, fatal, provoquant des pertes énormes pour toutes les parties concernées. Pour situer ce récit dans son contexte historique, l’auteur souligne le rôle de la Révolution scientifique dans les origines de la finance moderne et de cette bulle, tout en testant la pertinence des leçons que nous pouvons en tirer pour faire face à la prochaine crise. (GG)

Rana Foroohar: Don't Be Evil. The Case Against Big Tech

Penguin, 368 pages, 19,90 francs

Le slogan Don't be evil a longtemps été le mantra de Google : l'entreprise véhiculait alors la vision utopique d'un avenir dans lequel la technologie rendrait inévitablement le monde meilleur. Aujourd'hui, l'idéal qu'elle a cherché à créer semble plus dystopique que jamais: surveillance numérique, atteinte à la vie privée, diffusion de fausses informations sont la nouvelle norme. Quant aux algorithmes, ils permettent de nous cibler pour mieux manipuler nos désirs. Au bout d’une enquête minutieuse, Rana Foroohar (Financial Times) montre à quel point des géants comme Google, Facebook, Apple et Amazon monétisent nos données, sans que nous revoyions bien sûr un centime de leurs profits exorbitants. Mais nous pouvons résister en créant un cadre favorisant l'innovation, tout en nous protégeant du côté obscur de la technologie numérique. (MB)

Grace Blakeley: Corona Crash

Verso, 112 pages, 16,50 francs

L'économiste Grace Blakeley expose les moyens dont nous disposons pour restructurer radicalement nos sociétés dans le sillage de l’épidémie de Covid-19. Nous vivons en effet un moment unique de notre Histoire: la pandémie a provoqué la plus importante récession depuis la Seconde Guerre mondiale et son coût humain est toujours plus lourd, car de nombreux États sont incapables ou refusent de lutter contre les effets du virus. Selon Blakeley, cette crise risque de nous plonger dans une nouvelle ère de capitalisme monopolistique, entraîné par l’effondrement des marchés boursiers et la montée du chômage. Nous avons donc besoin d'une réponse radicale, et la reprise pourrait naître de la transformation de nos systèmes politiques, économiques et sociaux basés sur les principes du Green New Deal. Sinon les alternatives, prévient l’auteure, pourraient être encore pires que nous ne le craignions. (CA)