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La pollution de l’air et ses millions de morts

La pandémie de Covid est moins dangereuse que la pollution de l’air. Par Marie Owens Thomsen

Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
15 avril 2021, 17h30
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Le monde qui nous entoure est en constante évolution et cela concerne également les causes prédominantes de notre mortalité. Avant 2020 le Covid-19 était inconnu. Il est depuis considéré comme une nouvelle cause de mortalité à laquelle près de trois millions de personnes ont succombé.

Aussi terrible que cela soit, la pandémie de Covid est toutefois moins dangereuse que la pollution de l’air qui a occasionné 8 millions de morts en 2018, soit près de 20% de la mortalité adulte dans le monde selon une étude récente de l’université de Harvard.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) constate que 9 personnes sur 10 dans le monde respirent de l’air qui contient des niveaux de polluants dépassant les limites de sécurité. Seul 24 des 106 pays étudiés par l’indice suisse IQAir (2020 World Air Quality Report, mars 2021) étaient en adéquation avec ces normes en 2020 (dont la Suisse).

La facture globale liée à la pollution de l’air s’élevait à près de 3000 milliards de dollars en 2018, ou 3.3% du PIB mondial, en termes de perte de production, congés maladie et frais médicaux, selon CREA (Centre for Research on Energy and Clean Air).

La pollution de l’air raccourcit également la durée de vie de plus de deux ans en moyenne dans le monde.

Il est à noter de surcroît que le changement climatique, qui touche indistinctement chaque pays, renforce la létalité des particules présentes dans l’air, notamment au travers des pics de pollution observés dans les villes. Le charbon en est une cause majeure et des grands consommateurs comme la Chine et l’Inde sont donc parmi les plus touchés. La Chine consomme à elle seule plus de la moitié du charbon extrait dans le monde, ce minerai représentant 57,7% de l’approvisionnement primaire d’énergie du pays en 2019.

La pollution de l’air raccourcit également la durée de vie de plus de deux ans en moyenne dans le monde. Cette moyenne cache une variation importante entre les pays. En Chine, elle serait de plus de quatre ans, tandis qu’en Europe la moyenne s’élèverait à une perte de huit mois.

Comparé à d’autres causes de mortalité précoce, la pollution de l’air est 60 fois plus mortelle que l’abus de drogues, 45 fois plus que l’alcool, 19 fois plus que le paludisme, 16 fois plus que les conflits armés, 9 fois plus que le SIDA, et 6 fois plus que les accidents routiers, selon une étude de 2018.

Si le dictionnaire Larousse définit une pandémie comme une épidémie étendue à toute la population d'un continent, voire au monde entier, alors la pollution de l’air en est bien une.