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«La grande confluence» dans l’industrie

Par Xavier Comtesse et Philippe Grize

Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
Philippe Grize
Administrateur indépendant
23 mars 2021, 20h37
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Une des caractéristiques de l’évolution industrielle contemporaine est la convergence d’une ou de plusieurs nouvelles technologies dans des produits plus anciens. La voiture devient hybride en embarquant deux moteurs (à explosion et électrique); la montre devient connectée (quartz et carte SIM); les voiliers se mettent à voler (ailes rigides et foils), le téléphone est multifonctions (caméra, géolocalisation, téléphone, notamment); le cinéma absorbe le screening; la banque le on-line; le commerce l’achat virtuel, etc... La pandémie n’a fait qu’accélérer le mouvement, entamé il y a déjà quelques années dans plusieurs secteurs économiques. Ce qui est nouveau, c’est l’ampleur de l’accélération. En Chine, 50% des achats se font désormais à l’aide d’un smartphone (17% en Suisse). Le marché de la voiture électrique (hybride ou autre) va supplanter dans les dix ans, selon certaines prévisions, la voiture traditionnelle. L’avion électrique avec passagers va aussi faire son apparition. Les smart villes, la domotique, les jeux vidéo et «l’entertainement» vont recomposer nos villes et nos vies. 

La confluence de différentes technologies est le moteur de cette transformation industrielle. Un des éléments clés de cette hybridation économique est l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) comme facteur de transformation globale. Tout ou presque aura sa composante IA. Plus aucun produit sans capteurs, ni algorithmes, plus aucun produit sans capacités décisionnelles autonomes.

Inventer des complications dans la haute horlogerie

«La grande confluence» va toucher tous les secteurs disions-nous. Qu’en est-il de l’horlogerie notamment suisse. Eh bien, l’Apple Watch est exactement ce produit de convergence. Toutes les «smart watches» le sont d’ailleurs, y compris la Tissot T-Touch Connect Solar. Mais qu’en est-il de la montre mécanique traditionnelle de la haute horlogerie qui devient de plus en plus un bijou, sorte de convergence du luxe et de la mécanique pour lequel il faut maintenir à coup de grande campagne marketing le lien «émotionnel» entre précision industrielle, soin du détail, design, fashion et innovation. Le tout construit évidemment sur un storytelling global assez fort mais pas du tout en lien avec la tendance actuelle de la confluence. Une seule solution: il faut comme au XIXe siècle inventer pour la montre des complications (terme désignant des fonctions particulières comme les phases de lune) qui feraient sens dans le monde contemporain. Par exemple: la fonction de géolocalisation sur les montres Garmin aide considérablement le joueur de golf; les capteurs de mouvements des Fitbit plaisent aux sportifs; les fonctions santé de Apple Watch sont des «killing» applications pour leur porteur etc. Dans le luxe, une mise à l’heure autonome, indépendamment du fuseau horaire, serait certainement un plus.