Cet été, les désordres climatiques se sont brutalement invités dans notre quotidien: violents feux de forêt en Sibérie, dans le pourtour méditerranéen, en Amérique du Nord; inondations catastrophiques ailleurs: personne n’est dupe devant ces signes d’une mutation en cours qui ne nous dit rien de bon, et les choses peuvent basculer rapidement.
Pourtant ce serait une erreur de se focaliser sur le seul changement climatique. La dynamique de déstabilisation fonctionne comme un vaste jeu de dominos aux pièces interconnectées. Toute action qui se veut efficace se doit d’être systémique et de prendre en compte les divers volets de la durabilité.
L’indispensable transition exige de passer:
· De la sous-enchère globale à un commerce équitable et valorisant l’autonomie locale;
· Du fossile et du fissile aux énergies renouvelables et à un usage économe de l’énergie, à l’image des bâtiments «à énergie positive», soit qui produisent davantage d’énergie qu’ils n’en consomment;
· De l’obsolescence organisée à l’optimisation de la durée de vie et à l’économie circulaire;
· De l’agro-industrie à l’agro-écologie, seule façon de nourrir une population croissante sans dégrader les terres et de maintenir une agriculture à visage humain ;
· De la finance spéculative et hors sol à la finance durable.
Tout cela va coûter mais ne pas le faire sera infiniment plus cher; tout cela représente aussi l’emploi de demain, un emploi utile, non délocalisable.
La chimie devra produire des substances à l’innocuité établie, l’aéronautique s’investir dans le ferroviaire et le pétrole et le plastique se reconvertir dans les énergies renouvelables et les matériaux sans impact négatif.
Tout cela va coûter mais ne pas le faire sera infiniment plus cher; tout cela représente aussi l’emploi de demain, un emploi utile, non délocalisable. En septembre 2019, l’ONU annonçait «380 millions de nouveaux emplois d’ici 2030» à travers la réalisation de l’Agenda 2030, le programme global de développement durable. Selon la Commission européenne, l’application de son plan d’action pour l’économie circulaire pourra d’ici 2030 créer 700.000 emplois.
En 2018, l’OIT estimait à «24 millions les emplois créés à l’échelle mondiale d’ici à 2030 si l’on met en place (…) une économie plus respectueuse de l’environnement». Quant à l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, elle signale qu’aux États-Unis le secteur de ces énergies emploie huit fois plus de salariés (près de 800.000) que le charbon (100.000) porté aux nues par d’aucuns. Qui dit mieux?