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La discrimination positive

Quelle attitude adopter pour les personnes vaccinées contre le Covid. Par Jacques Neirynck

Jacques Neirynck
Ancien conseiller national
06 avril 2021, 17h26
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Rien n’est plus odieux que la discrimination négative. Eliminer un individu sur base de son appartenance à un groupe fondé sur l’appartenance sociale, la couleur de la peau, la pratique d’une religion, le sexe... viole son droit élémentaire à accéder à un emploi, à des études, à un logement.

La Suisse affronte relativement bien ce défi. Il est possible de devenir chef d’Etat sans avoir mis les pieds à l’université, en étant un bon vigneron ou une excellente pianiste, tandis qu’en France il vaut mieux sortir de l’ENA et en Angleterre d’Oxford. La discrimination négative a tellement mauvaise presse que l’on en vient à la confondre avec l’autre face de la médaille, la discrimination positive.

La question revient en force au sujet des vaccinés contre la Covid. Faut-il leur permettre de mener une vie normale en allant au théâtre et au restaurant, en utilisant les transports publics sans masques, en franchissant les frontières sans mise en quarantaine?

Les autorités auront bien du mal à faire accepter ce genre de discrimination. Elle viole apparemment le droit de ne pas se faire vacciner.

Le refus de la discrimination positive mène à des situations absurdes.

Or, ce droit n’est déjà pas absolu. Le vaccin contre la fièvre jaune est exigé en vertu du règlement sanitaire international, qui lie 196 pays dans le but de limiter la propagation des risques pour la santé publique. 

Le refus de la discrimination positive mène à des situations absurdes. On cite le cas d’un EMS dont tous les résidents sont vaccinés et doivent cependant prendre leur repas en chambre. Les tests et les quarantaines applicables aux étrangers pénétrant en Suisse ne prévoient pas d’exception pour ceux qui seraient vaccinés.

Ces règles vont évoluer selon les exigences d’un bon sens élémentaires. On ne peut pas continuer à interdire le fonctionnement des restaurants, des théâtres, des cinémas, des stades parce que toute la population n’a pas pu se vacciner ou refuse de le faire.

A fermer sans nécessité impérieuse des restaurants qui pourraient ne servir que des vaccinés selon la liberté du commerce, on discrimine et ces entreprises, et leurs clients potentiels. Les non vaccinés empêchent les vaccinés de vivre et leur font subir de la sorte une discrimination que l’on peut à loisir baptiser de positive ou de négative. Dans quelques mois, la force des choses fera que chacun portera sur soi sa carte d’identité et son certificat de vaccination et considèrera cette exigence comme légitime.