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La difficulté d’un langage commun dans les approches dites durables

Marie Owens Thomsen
Marie Owens Thomsen
Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
05 novembre 2020, 19h33
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Le monde se tourne chaque jour davantage vers des approches dites durables, et ce avec un enthousiasme qui donne espoir en notre capacité réelle à évoluer vers un modèle économique plus pérenne.  Le domaine reste néanmoins encore très jeune et immature au regard de la règlementation – qui n’est pas encore alignée avec ces enjeux–, des données statistiques pertinentes – qui ne sont pas encore standardisées–, et de la pléthore de produits financiers qui arrivent sur le marché poursuivant des stratégies dites durables que l’on a encore du mal à évaluer.  Il existe des organismes qui effectuent les analyses et le suivi nécessaire pour évaluer les sociétés ainsi que certains instruments financiers selon des critères de durabilité. Malheureusement, ce système ne répond pas à toutes les interrogations car il faudrait en outre être capable d’évaluer la pertinence même de ces certifications. Il y en a, pour autant, qui se distinguent déjà comme étant potentiellement leaders dans leurs domaines.  La certification B Corp Pour les sociétés elles-mêmes, il existe une certification nommée B Corp. Cette certification va au-delà des produits et des services pour analyser en globalité l’impact social et environnemental de l’entreprise, et notamment les effets de ces activités sur les employées, la communauté qui les entourent, l’environnement, et les clients.  Les sociétés qui sont certifiées B Corp répondent ainsi aux normes les plus exigeantes de durabilité, de responsabilité et de transparence. Il y a actuellement près de 3600 sociétés certifiés B Corps dans le monde, réparties dans 150 industries et 74 pays, dont Lombard Odier.  Dans le domaine des produits financiers, on remarque la certification des obligations vertes proposée par Climate Bond Initiative. Cette organisation analyse les obligations selon des critères scientifiques et évalue l’adéquation des projets par rapport à l’Accord de Paris concernant l’ambition de limiter la trajectoire de réchauffement climatique à 2°C pour 2050. L’Europe travaille sur son propre standard concernant les obligations «vertes» (EU Green Bond Standard), laquelle proposition était en consultation jusqu’au 2 octobre dernier.  Pour ce qui est des fonds d’investissement en revanche, il n’existe actuellement pas de critères de durabilité facilement et largement exploitables.  Le travail de compilation d’informations les concernant est fastidieux, et le résultat ne sera pas forcement comparable à d’autres efforts similaires dans la mesure où la méthodologie n’a pas encore été normée.  Un premier volet en mars Dans ce sens, la Taxonomie Européenne («EU Taxonomy»), dont le premier volet est attendu pour mars 2021, qui doit permettre d’encadrer le marché des produits financiers dits «verts» ou «durables», sera une évolution, bien qu’incomplète. Les flux financiers qui s’orientent actuellement vers des sociétés et des instruments financiers considérés comme durables seront eux-mêmes vecteurs de la transition vers un modèle économique plus propre, plus inclusif et plus circulaire pour ce qui est de l’utilisation des ressources et de notre capital naturel. Toutefois, il convient d’intégrer dans nos décisions d’investissements le fait que nous ne sommes encore qu’au début de cette transformation.  L’essor de la finance soutenable fera émerger progressivement ce qui est «vert» de ce qui ne l’est pas. Pour l’heure, les efforts de standardisation, tels que les certifications, et de transparence doivent être soutenus, avec les coûts que cela implique.  Tous les acteurs, qu’ils soient privés ou publics, doivent s’investir pour développer un langage commun en matière de finance durable. *Head of global trends Lombard Odier