Croissance économique et bien-être sont généralement associés. À court terme, il est peu discutable que la croissance économique détermine le niveau du bien-être social ; si la croissance est faible, le chômage augmente, les revenus tendent à stagner et la consommation se contracte.
Pour la plupart des décideurs, chefs d’entreprise, salariés ou demandeurs d’emploi, la croissance économique est un objectif désirable. Synonyme d’emplois supplémentaires pour les uns, elle est promesse d’améliorations diverses pour les autres, qu’il s’agisse de logements sociaux, de réduction de la dette publique ou de vacances bien méritées.
Or, force est de constater que les conséquences de la croissance économique ne sont pas toutes positives. Que l’on pense à la pénurie de logements, à la saturation des transports publics ou à l’encombrement des routes, bien connus des Genevois. L’impact de la démographie et de l’économie sur les ressources naturelles, tout comme sur le climat, n’est plus contesté. Cette question est d’autant plus d’actualité que le canton de Genève représente le centre d’une agglomération dynamique qui exerce une attraction au-delà de ses frontières.
Sous le titre «Le bien-être durable. Quelle croissance pour Genève ?», la CCIG a lancé en 2019 une vaste étude, sous le pilotage d’un comité scientifique, pour déterminer des scénarios de réflexion et des outils d’aide à la décision sur la manière d’aborder la croissance à Genève.
Réalisée par l’Ireg (Institut de recherche appliquée en économie et gestion), cette étude comporte deux étapes: une première a passé en revue les indicateurs de la croissance et une seconde, empirique, en cours, tente de comprendre la manière dont les acteurs économiques considèrent la croissance.
Il ressort clairement que les agrégats macroéconomiques utilisés pour définir la croissance, en particulier le PIB, sont imparfaits car ils se focalisent sur la croissance économique et ne permettent pas de saisir l’ensemble des conséquences de la croissance. D’autres concepts tels que le développement durable, la croissance verte ou la société à 2000 Watts sont maintenant sur le devant de la scène. Toutefois, aucun n’est exempt de défauts.
Il convient ainsi de penser la croissance en tenant compte de ses aspects potentiellement néfastes afin de tenter de les limiter autant que possible. Surtout, il parait essentiel de se départir des positionnements idéologiques attachés aux termes « croissance » et « décroissance » et d’élaborer des indicateurs novateurs incluant non seulement l’activité économique, mais aussi le « bien-être », aussi complexe soit-il.