• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

La «cancel culture» à l’assaut des entreprises

Par Guy Mettan

Guy Mettan
Chroniqueur, journaliste indépendant
15 avril 2021, 21h35
Partager

Les entreprises doivent-elles se soumettre à la dictature du Bien? Comme toutes les activités humaines, l’économie se doit de respecter les principes moraux de base. D’abord de ne pas nuire et ensuite de ne pas tromper. On ne saurait tolérer que des entreprises, comme ce fut le cas pour le tabac, les pétroliers, certains fabricants de produits toxiques, paient par exemple des études pseudo-scientifiques pour abuser la confiance du public et lui faire courir des risques mortels. On se félicitera aussi du fait que les banques ne puissent plus fermer les yeux sur la fraude fiscale ou l’origine potentiellement criminelle des fonds dont elles ont la charge.

L’économie est aussi une éthique.

Mais le monde économique doit-il pour autant accepter les diktats que certaines organisations de la société civile et certains pouvoirs politiques cherchent à lui imposer au nom d’un sens des responsabilités qui n’a plus aucune limite? J’en doute fortement.

C’est pourtant ce qui est en train de se passer un peu partout en Occident. La «cancel culture», la culture de l’épuration, se répand comme un cancer et sort du domaine privé (attaques personnelles contre les personnes jugées racistes ou sexistes sur les campus universitaires et les réseaux sociaux) où elle était confinée jusqu’ici pour envahir la sphère économique.

Les Etats-Unis avaient déjà donné un avant-goût de ces dérives à la fin des années 1990 avec l’affaire des fonds juifs puis à la fin des années 2000 avec la guerre menée contre le secret bancaire et la généralisation des sanctions économiques contre les pays et dirigeants qui leur déplaisaient. Récemment, le mouvement BDS, lui aussi sorti des campus américains, et qui vise à boycotter les produits fabriqués dans les colonies israéliennes, a élargi cette pratique à la société civile.

Cette chasse au prétendu coupable tend à devenir hystérique en Occident.

Les sanctions économiques validées par le droit international - les Nations-Unies -, doivent naturellement être respectées. Mais que dire de toutes celles prises unilatéralement, en violation du droit des gens, et imposées par la force comme c’est le cas des sanctions contre l’Iran, la Russie, la Chine, le Venezuela, Cuba et tant d’autres?

Aujourd’hui, sous l’influence des managers du narratif ouïgour d’origine anglo-saxonne, cette chasse au prétendu coupable tend à devenir hystérique en Occident. Chaque jour, dans les journaux et sur les ondes d’Europe et des Etats-Unis déferlent des torrents de reportages, de témoignages, d’éditoriaux qui vont tous dans le même sens. Pas l’ombre d’un début de contradiction ou d’opinion différente. On prend comme un fait établi que la Chine commettrait un «génocide» contre les Ouïgours. Et, sous ce prétexte nullement prouvé selon de nombreuses contre-enquêtes, nos entreprises sont sommées de boycotter les produits du Xinjiang.

Cette ingérence de la politique dans des affaires qui ne relèvent pas de la responsabilité directe de l’économie n’a pas de raison d’être.