La France va investir dans cinq nouveaux réacteurs. Elle est à ce point engagée dans cette filière qu’elle ne parvient pas à en imaginer la sortie. L’UDC plaide pour le même retour en arrière en Suisse.
Le monde politique est confronté à un défi qui le dépasse. Que faire pour lutter contre le réchauffement climatique et (ou) de s’y adapter? Et donc, on en revient à une solution réputée miraculeuse, l’énergie nucléaire.
Cependant, le nucléaire de fission comporte un obstacle, le risque d’une fusion du cœur, et trois inconvénients:
- il n’existe pas une ressource infinie de combustible;
- cela n’a jamais été qu’une ressource marginale;
- on ne dispose pas de solutions pour l’élimination des déchets radioactifs.
Les générateurs à uranium existants ont révélé des problèmes dont on n’avait pas conscience lors de l’enthousiasme initial. Par exemple cette possibilité réelle d’une fusion du cœur. En 1970 lors de la controverse qui entoura la construction des réacteurs suisses, l’argument décisif des partisans était une estimation, fondée sur des calculs de probabilité, que ce risque ne se produirait qu’une fois tous les 10.000 ans.
La tentation de revenir au nucléaire est permanente, parce qu’il a la réputation usurpée de ne pas émettre de CO2.
Jacques Neirynck
La réalité démentit ce calcul en moins de cinquante ans. Les deux accidents majeurs de Tchernobyl et de Fukushima ont rendu inhabitables de larges portions de territoire. On recense encore huit autres cas de fusion du cœur sans rejets extérieurs, plus les sous-marins russes naufragés en nombre inconnu.
Le parc nucléaire civil mondial comptait 444 tranches nucléaires dans 32 pays. Par rapport aux réacteurs en fonctionnement, le risque d’un accident majeur durant la durée d’exploitation est donc supérieur au pourcent, soit dix cas pour moins de 500 tranches, bien loin d’être négligeable.
La tentation de revenir au nucléaire est permanente, parce qu’il a la réputation usurpée de ne pas émettre de CO2. Le nucléaire génère en moyenne de 12 à 66 grammes de CO2 par kWh produit selon le type de cycle. Beaucoup moins que le charbon (820 grammes) et le gaz (490 grammes). Néanmoins pour ce critère, le nucléaire est en compétition avec le photovoltaïque (48 grammes), l’hydroélectricité (24 grammes) et l’éolien (12 grammes).
Mais pour réduire la production de CO2 de 50% en 2030, il est impossible d’y arriver en construisant de nouveaux réacteurs dans un délai de vingt ou trente ans. Il faudrait que le secteur privé accepte d’investir dans cette filière alors que le coût du renouvelable devient compétitif.