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Innover pour régénérer les milieux ruraux

Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
26 novembre 2020, 14h40
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Notre monde est actuellement très polarisé. L’accroissement des inégalités, quant à la distribution des revenus et du capital, est la source de nombreuses revendications. Les minorités défavorisées subissent généralement un accès inégal aux opportunités – ce qui a tendance à accentuer ces écarts. Ces mécanismes fort regrettables sont bien connus. Une ligne de faille plus méconnue est celle entre le milieu rural et les métropoles. Dans la transition en faveur d’un changement de modèle économique à laquelle nous assistons actuellement, un plan de développement des ruralités devrait être une priorité. Prenons les Etats-Unis comme exemple. Les districts urbains y ont connu une croissance démographique de 13% depuis 2000. Les zones péri-urbaines ont constaté une croissance de leur population encore plus forte. En comparaison, dans les zones rurales, plus <de la moitié des districts ont observé une baisse du nombre de leurs habitants par rapport à 2000. La région du «Midwest» est la plus touchée par cette désertification. Le milieu rural ne partage pas non plus la tendance à la diversité observée dans les villes. A la campagne, la population reste à 89% blanche et non-hispanique, alors qu’elle est aujourd’hui déjà minoritaire dans les centres urbains. Ce clivage est destiné à se creuser car vers 2050, la population blanche et non-hispanique américaine ne représentera plus que 47% du total national. Sur le plan économique, 30% des districts ruraux ont plus de 20 % de leur population en situation de pauvreté, comparé à 15% des zones urbaines. Les personnes ayant un diplôme universitaire représentent 19% de la population rurale contre 35% de celle des villes. En outre, 88% des districts ruraux ont observé la part de leur population en âge de travail diminuer, contre seulement 29% des villes. Cet appauvrissement va donc de pair avec le vieillissement de la population. Un cercle vicieux a tendance à s’installer autour de ces phénomènes démographiques. Lorsque la population diminue, les services s’en vont également, ce qui provoque de nouvelles migrations et davantage d’enclavement économique avec les fermetures de magasins, bureaux de poste, etc. La réduction du nombre d’agences bancaires semble notamment occasionner une baisse de l’entrepreneuriat – car l’accès au financement devient plus compliqué lorsque les entrepreneurs ne connaissent pas personnellement leurs banquiers.

La préservation de la biodiversité 

L’agriculture et l’industrie forestière devraient naturellement être au centre de tout plan de développement rural, au regard de leur rôle fondamental dans la transformation de notre économie vers un modèle plus durable. Nous savons maintenant que plus de la moitié de notre PIB (produit intérieur brut) dépend du capital naturel et des services que nous procurent les bio-écosystèmes. La préservation de la biodiversité et une croissance économique qui permette à la nature de se régénérer, nécessite donc une révolution des modèles agricoles et forestiers. Compte tenu des besoins d’innovations, combinés aux nouvelles technologies parmi lesquelles, l’observation spatiale des risques climatiques, la géolocalisation ou encore l’irrigation intelligente, il est possible d’imaginer une nouvelle ère pour ces régions jusqu’ici désavantagées – Il est urgent, socialement, économiquement, ainsi que pour l’environnement, de mettre en place ces solutions. * Head of Global Trends, Lombard Odier