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Innover, c’est créer. Commercialiser, c’est réussir

Si la Suisse investit de manière importante dans les premières phases d’innovation, le tableau est tout autre dans les phases ultérieures. Par Luc Oesch

«Il est urgent de tripler le montant des investissements de croissance, afin que la Suisse reste en tête des écosystèmes innovants.»
KEYSTONE
«Il est urgent de tripler le montant des investissements de croissance, afin que la Suisse reste en tête des écosystèmes innovants.»
Luc Oesch
Centre patronal - Membre de la direction
16 novembre 2023, 19h00
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L’innovation est absolument décisive pour notre pays. Ce mot se retrouve d’ailleurs dans tous les programmes de législature, que ce soit sur le plan fédéral ou cantonal, ce qui nous amène très souvent en tête des classements mondiaux en la matière.

La Confédération investit du reste massivement dans la formation, la recherche et l’innovation, soit environ 10% de son budget annuel. Chaque année, les investissements publics en recherche et développement se montent à 6 milliards de francs, auxquels s’ajoutent 16 milliards provenant du secteur privé, pour un total de 22 milliards par an.

Et c’est là tout le paradoxe suisse: si notre pays investit de manière importante dans les premières phases d’innovation, le tableau est tout autre dans les phases ultérieures d’investissement en venture capital et de croissance, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de passer à la commercialisation à grande échelle, puisque les investissements ne sont que d’environ 3 milliards de francs annuellement. Pire encore, seulement 20% environ de ces levées de fonds à ce stade proviennent d’investisseurs suisses.

Ainsi, lorsqu’une entreprise veut conquérir le monde et devenir une véritable scale-up, il n’y a alors plus assez de volonté de financement dans notre pays. Nous investissons la majeure partie de nos fonds au stade le plus risqué (R & D et stade précoce), mais nous perdons ensuite le contrôle au profit de l’étranger au moment même où le risque diminue et la rentabilité survient. Combien de licornes ont commencé leurs activités ici et déménagent ensuite aux Etats-Unis ou ailleurs en laissant alors une présence marginale sous nos latitudes…

D’autres pays (Luxembourg, Angleterre et France notamment) ont instauré des systèmes de type «match funding»

Luc Oesch

Il est urgent de tripler le montant des investissements de croissance, afin que notre pays reste dans le peloton de tête des écosystèmes innovants dans le monde. Des solutions existent, par exemple au niveau des institutionnels et en particulier avec nos caisses de pension. Elles possèdent largement plus de 1000 milliards de capitaux. Pourtant, elles ne sont qu’une poignée à investir dans les placements alternatifs de private equity, alors que cette classe d’actif peut représenter un véritable cercle vertueux à condition de bien diversifier ses investissements et de faire appel aux meilleurs gérants de fonds en la matière. Les rendements sont alors à la hauteur avec des risques de placement maîtrisés. En outre, les investissements dans des sociétés suisses sélectionnées avec des modèles d’affaires durables représentent le moyen le plus efficace d’investir selon les meilleurs critères de durabilité.

D’autres pays (Luxembourg, Angleterre et France notamment) ont instauré des systèmes de type «match funding» dans lesquels chaque franc investi par un investisseur privé/institutionnel peut être complété par un soutien public. Nous devons promouvoir dans le cas échéant ce type d’investissements.

A leurs débuts, Apple, Google, Nvidia ou encore Microsoft étaient des start-up qui ont à leur tour créé de la valeur dans l’écosystème. Il convient maintenant de sélectionner notamment des sociétés dont les modèles d’affaires sont basés sur la transition «net zéro», dont le marché potentiel annuel est évalué à 12 trillions de dollars (12.000.000.000.000) à l’horizon 2030. Il s’agira notamment de sociétés actives dans les domaines du transport, de la construction, de la fourniture d’énergie et de la gestion de l’eau. Les importants défis sociétaux et environnementaux seront relevés grâce aux innovations, mais aussi, et surtout, en soutenant les efforts des start-up dans leur phase de commercialisation.