Le 18 juin dernier, le peuple suisse a largement accepté la loi climat. La Suisse s’engage donc dans une longue phase de transition énergétique où elle devra mettre en œuvre une série de solutions concrètes pour réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. L’affaire est toutefois loin d’être résolue, car la loi climat devra encore être mise en œuvre par une série de dispositions législatives plus spécifiques. Ces dispositions devront viser plusieurs buts précis et souvent d’une grande complexité dans leur articulation entre eux. En résumé, la Suisse devra, bien évidemment, améliorer son efficacité énergétique. Cependant elle devra aussi augmenter sa production d’électricité indigène par le développement des énergies renouvelables, tout en diminuant graduellement l’usage des combustibles fossiles et en évitant les pénuries dans les périodes de production creuses. L’équation s’annonce complexe!
Même si le Conseil fédéral et plusieurs exécutifs cantonaux ont déjà lancé plusieurs chantiers législatifs d’envergure pour accélérer le pas, cette transition énergétique impliquera plusieurs arbitrages délicats. Comme l’a récemment admis le CEO d’Axpo, Christoph Brand, le défi est colossal et il exigera des sacrifices, osons le mot. Par exemple, il paraît évident que nous devrons beaucoup mieux couvrir nos toits de panneaux photovoltaïques. En effet, le taux de couverture actuel est très insuffisant dans la plupart des agglomérations, particulièrement en Suisse romande. Mais ce n’est pas tout, le développement de parcs solaires alpins particulièrement efficaces l’hiver n’est pas une option, il est absolument nécessaire. A ce titre, il faudra éviter de laisser les projets actuels s’engluer dans des cycles de recours sans fin.
La balle est désormais dans le camp des Chambres fédérales et des législatifs cantonaux. Sans une «paix des braves» et la constitution d’un large front de soutien politique, le respect de nos engagements n’est pas assuré. Un changement de mentalité s’impose donc, la transition ne doit plus faire l’objet de clivages politiques stériles, car ses dividendes satisferont le plus grand nombre. Rappelons au passage que la transition n’est pas qu’une affaire climatique mais qu’elle implique aussi une souveraineté énergétique accrue.
Dans ce long processus dont notre génération ne constituera que l’avant-garde, il faudra donc veiller à prendre des décisions éclairées tant par la rationalité énergétique que par un certain pragmatisme. Le tournant énergétique ne portera ses fruits que s’il tient compte des sensibilités et des rapports de force politiques, sans quoi il trébuchera devant le peuple, comme ce fut le cas en 2021 avec la loi CO2. Par conséquent, il faudra privilégier les sources d’énergies renouvelables qui ont fait leur preuve et qui sont également socialement acceptables. Vu sous cet angle, le photovoltaïque devrait devenir de plus en plus incontournable.