«Pays tiers non associé»: tel est aujourd’hui le statut de notre pays dans les trois grands programmes de coopération européens que sont Horizon Europe (recherche), Erasmus+ (éducation) et Europe creative (culture). La Suisse demeure ainsi exclue de participations, pourtant, essentielles, alors qu’elle en a fait partie jusqu’à présent avec un succès certain. Soyons clairs: une telle situation est dramatique.
Le paysage de la recherche suisse, en particulier, souffre. Le nombre de projets européens comptant la participation suisse s’était déjà effondré en 2014, après l’acceptation de l’initiative UDC «contre l’immigration de masse», passant de 745 à seulement 326 programmes! Autant dire que la conduite de ces projets depuis notre pays était devenue pratiquement mission impossible.
Aujourd'hui encore, les chercheurs suisses ne peuvent plus soumettre de demandes individuelles pour les subventions très convoitées du Conseil européen de la recherche (CER).
La perte de ces réseaux et de ces sources de financement affecte non seulement les EPF et les universités, mais aussi les hautes écoles spécialisées ainsi que les nombreuses entreprises concernées – dont de nombreuses PME qui font la fierté de notre pays.
Impasse regrettable
La Suisse pourrait être en mesure de combler un ou deux déficits de financement par des mesures de rattrapage. Mais cela ne peut compenser les opportunités de mise en réseau – très précieuses, ainsi que la possibilité pour les jeunes chercheurs de constituer et de diriger leurs propres équipes de projet à partir d'ici et ce, grâce aux subventions CER.
L'échec des négociations relatives à l’accord-cadre a encore aggravé la situation pour la recherche, l’éducation et la culture. La politique européenne de la Suisse se trouve dans une impasse et cela est fort regrettable.
La Suisse pourrait être en mesure de combler un ou deux déficits de financement par des mesures de rattrapage.
Aujourd’hui, plus que jamais, il est important de normaliser, autant faire se peut, les relations bilatérales avec notre premier partenaire commercial. Un premier pas dans cette direction est en mains du Parlement qui sera saisi lors de cette session d’automne du projet visant à débloquer la deuxième contribution de la Suisse en faveur de certains États membres de l’UE et les deux arrêtés fédéraux concernés (crédits-cadre pour la cohésion et la migration).
Plus de 50 organisations issues des milieux économiques, politiques, scientifiques, culturels et de la société civile faisant partie de l’alliance «Pour une Suisse ouverte+souveraine» invitent donc, dans une lettre ouverte, les élus fédéraux à accepter cette contribution pour que la politique européenne de la Suisse ne devienne pas une chimère.