Aux côtés de quatre pays nordiques, la Suisse figure dans le top 5 du World Happiness Report 2020. La valorisation du bonheur s’affirme comme un enjeu très loin d’être anecdotique, ne serait-ce qu’en termes économiques, lorsque l’on pense à l’après-crise sanitaire du Covid-19.
Malgré les crises, le moral est au beau fixe dans les pays nordiques. Depuis 2013 et la seconde édition du World Happiness Report, publication du Réseau des Nations-Unies de Solutions pour le Développement Durable (SDSN), les cinq pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), qui forment ensemble la 13e économie mondiale, ont toujours été présents dans le top 10. Au point que l’édition 2020 de ce rapport consacre un chapitre à l’«exceptionnalisme nordique» dans ce domaine.
Les facteurs liés à la qualité des institutions font partie, selon le rapport, des explications principales de la très haute satisfaction des citoyens nordiques concernant leur vie. À cela s’ajoutent, toujours selon le rapport, un sentiment élevé d’autonomie et de liberté ainsi que de hauts niveaux de confiance sociale. Le rapport souligne cependant qu’il convient de ne pas s’en tenir à une seule explication, bien que la qualité des institutions gouvernementales joue un rôle important: la plupart des facteurs pouvant expliquer cet exceptionnalisme sont hautement corrélés entre eux et se renforcent souvent mutuellement. Dans le même temps, les conditions météorologiques, le taux de suicide, la taille de la population et l’homogénéité relative dans ces pays ne semblent pas influer, au vu du rapport, sur ce haut niveau de bonheur.
Une résilience démontrée
Ce «modèle nordique» n’est pas resté à l’abri de la pression engendrée par des crises d’ordre varié (climatique, économique, migratoire, etc.) mais la capacité de résilience reste démontrée. La crise sanitaire du Covid-19 ne fait que rappeler que nous vivons dans un monde volatile, incertain, complexe et ambigu, autrement dit un monde «VUCA» pour reprendre un acronyme militaire américain.
D’où la nécessité de se concentrer, au niveau d’un pays, sur l’essentiel, ce qui commence par le besoin de satisfaction des citoyens dans leur vie. Dans ce domaine, le retour sur imposition pour le citoyen en termes de service public joue un rôle central. C’est sans doute le risque d’un moindre retour sur une imposition élevée qui serait le plus grand danger à la résilience nordique. D’où l’enjeu, entre autres, du maintien de finances publiques saines.
Economie du bien-être
Un pays nordique qui a connu une véritable renaissance après avoir été heurté de plein fouet par la crise financière de 2008, l’Islande, a tiré, au moins en partie, les leçons de ce traumatisme. Au sein du réseau Wellbeing Economy Governments, l’île nord-atlantique affiche une volonté de faire prévaloir, en matière budgétaire, le bien-être de la société sur l’objectif de croissance du PIB. Un enjeu de croissance durable qui ne peut que parler au plus grand nombre au regard de la crise du Covid-19 et de celles en tout genre qui se profilent à l’horizon.