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Gare à l’impasse énergétique

Notre pays n’investit plus assez dans la production d’énergie depuis des décennies, accroissant ainsi sa dépendance à l’étranger et aux aléas géopolitiques. Par Vincent Riesen

«Jusqu’à présent, la lenteur du développement des énergies indigènes renouvelables a pu être compensée par un recours accru aux importations. Mais ce modèle atteint ses limites.»
KEYSTONE
«Jusqu’à présent, la lenteur du développement des énergies indigènes renouvelables a pu être compensée par un recours accru aux importations. Mais ce modèle atteint ses limites.»
Vincent Riesen
Chambre valaisanne de commerce et d'industrie - Directeur
07 septembre 2023, 15h00
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La Suisse se confronte à un défi de taille. D’une part, en hiver, nous devons importer du courant d’Europe, alors que les pays de l’Union européenne (UE) sont moins enclins à nous en vendre. D’autre part, le développement des énergies renouvelables indigènes, en Suisse, est systématiquement ralenti: il y a toujours une bonne raison de ne pas construire une éolienne, un aménagement au fil de l’eau ou un rehaussement de barrage. Un projet comme le palier Massongex-Bex-Rhône est en gestation depuis plus de 40 ans, et n’est pas encore au bénéfice d’une autorisation de construire.

Si nous n’agissons pas rapidement, nous aurons de réels problèmes pour alimenter la Suisse. 70% de l’énergie consommée dans le pays est d’origine fossile. Pour décarboner les transports, les chauffages et la production des entreprises, nous aurons besoin de beaucoup plus d’électricité. Or, 40% de notre production électrique indigène est nucléaire, que le peuple a choisi de débrancher d’ici à 2035. Pour la remplacer, nous avons besoin de nouvelles installations renouvelables et indigènes. Car, déjà aujourd’hui, 20% de notre électricité en hiver est importée.

Le potentiel d’importation, déjà éprouvé l’année dernière, continuera de se réduire comme une peau de chagrin

Vincent Riesen

Jusqu’à présent, la lenteur du développement des énergies indigènes renouvelables a pu être compensée par un recours accru aux importations. Mais ce modèle atteint ses limites, rattrapé d’un côté par la géopolitique – ménages et entreprises payeront encore longtemps les envolées du prix du gaz et de l’électricité – et de l’autre par la nécessaire protection du climat. Une des conséquences de notre complaisance énergétique est l’accroissement de l’intensité carbone de notre consommation électrique, passant de 71g à 112g de CO2 par kWh entre 2020 et 2022. Un comble pour un pays dont la production traditionnelle (60% d’hydroélectricité et 40% de nucléaire) est en grande partie climatiquement neutre, mais d'une réalité exaspérante quand il est devenu inévitable d’acheter du courant produit avec du charbon allemand ou du gaz de schiste américain.

Le potentiel d’importation, déjà éprouvé l’année dernière, continuera de se réduire comme une peau de chagrin. En effet, l’UE vise aussi la neutralité climatique d’ici à 2050. Ses centrales électriques à énergies fossiles (charbon, pétrole, puis gaz dans une étape ultérieure) seront progressivement débranchées. Jusqu’au 31 décembre 2025 au plus tard, tous les gestionnaires des réseaux de transports européens devront réserver au moins 70% des capacités transfrontalières aux échanges entre Etats membres de l’UE. Or, faute d’accord sur l’électricité avec Bruxelles, la Suisse est exclue de tout ceci.

Dans ce contexte, on ne peut tout simplement plus se permettre d’attendre des décennies avant d’inaugurer de nouvelles centrales dans notre pays.

Commentaires 1

La perte de la neutralité suisse ne permet plus de construire de centrale nucléaire car le savoir faire appartient aux Russes, il reste l'augmentation de capacité des barrages !

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Christian Roche
07.09.2023