Il ne doit plus être possible d’assurer la rentabilité financière au prix de la destruction de valeurs environnementales et sociales: elle doit certes être financière (et raisonnable), mais aussi écologique et sociale. La prise de conscience qu’il faut changer le modèle économique dans ce sens prend heureusement de l’ampleur.
L’Agenda 2030 adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2015 est entré en vigueur début 2016. Excellent résumé de 30 ans d’engagements internationaux en matière de durabilité, sa réalisation nécessite de réorienter les investissements privés et publics dans la direction indiquée, dont la pandémie n’a fait qu’accentuer la pertinence.
« Pour aller vers la durabilité, l’agro-écologie doit succéder à l’agro-industrie, destructrice de notre santé et de celle de la Planète.»
Pour aller vers la durabilité, l’agro-écologie doit succéder à l’agro-industrie, destructrice de notre santé et de celle de la Planète. La chimie produira des substances à l’innocuité établie et des matériaux sans impact négatif (au contraire du plastique aujourd’hui omniprésent dans l’environnement).
L’aéronautique s’investira dans le ferroviaire et le fossile dans les énergies renouvelables. Quant à l’économie circulaire, elle succédera à l’obsolescence en bouclant les cycles de la matière; au lieu de constamment fabriquer du neuf et d’extraire de nouvelles ressources de la Terre, la règle sera la réparation et la réutilisation. Au cœur de cette mutation : la finance, qui, en s’orientant vers la durabilité, la rend aussi possible.
Grâce à de nombreux acteurs engagés depuis des années, les signaux sont désormais au vert, les placements dans des activités environnementalement et socialement positives offrant une rentabilité tout à fait correcte. Davantage orientées vers la pérennité et la qualité des biens et services proposés, les entreprises retenues par la finance durable se révèlent également plus résilientes.
Il est dès lors étonnant d’entendre que tant que la loi ne les y oblige pas, certains responsables financiers ne se sentent pas légitimés à privilégier les critères Environnement, social et gouvernance et continuent à soutenir des entreprises qui n’y répondent pas. Certes, et l’Agefi le soulignait dans son édition du 27 janvier, il y a encore du travail pour standardiser ces critères.
Mais qu’il s’agisse de banques, de fonds de placement, de caisses de pension, d’investissements ou de crédits, la durabilité est une nécessité et une finance non durable n’aura à brève échéance plus de légitimité.