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Faut-il sauver l'argent liquide en Suisse?

Une initiative populaire demande au Conseil fédéral de veiller à ce que pièces et billets soient toujours disponibles en quantité suffisante. Par Charles-Henry Monchau

«L’anonymat: dans le cas des paiements électroniques, des informations sur les personnes qui effectuent le paiement et sur leur comportement en matière de paiement sont stockées. Ce n’est pas le cas du numéraire.»
KEYSTONE
«L’anonymat: dans le cas des paiements électroniques, des informations sur les personnes qui effectuent le paiement et sur leur comportement en matière de paiement sont stockées. Ce n’est pas le cas du numéraire.»
Charles-Henry Monchau
Chief investment officer - Syz Group
08 mars 2023, 10h00
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L'argent liquide est toujours roi en Suisse: en effet, 97% de nos concitoyens conservent encore du cash dans leur portefeuille ou à la maison pour couvrir les dépenses quotidiennes, ce qui est nettement supérieur à la plupart des pays.

40% des transactions sont encore effectuées en espèces, ce qui est beaucoup plus élevé qu’au Royaume-Uni (environ 15%), la Suède (moins de 10%) et la Norvège (3-4%). Mais il s'agit d'une baisse par rapport aux quelque 70% enregistrés trois ans plus tôt. En effet, la carte de débit a récemment dépassé l'argent liquide comme méthode de paiement. Une tendance qui s’est accélérée avec le Covid-19.

Alors que l’utilisation de l’argent liquide est en perte de vitesse en Suisse et dans le reste du monde, le peuple suisse aura bientôt l'occasion de voter sur la conservation indéfinie des billets et des pièces. Il y a deux semaines, le Mouvement suisse pour la liberté (MSL), présidé par Richard Koller, a annoncé qu'il avait recueilli suffisamment de signatures (111.000) pour déclencher un vote national sur la préservation de l'argent liquide pour la postérité.

Si elle est adoptée, l'initiative «L’argent liquide, c’est la liberté» obligerait le gouvernement fédéral à veiller à ce que les pièces et les billets de banque soient toujours disponibles en quantité suffisante. En outre, toute tentative de remplacer le franc suisse par une autre monnaie – peut être une référence à une monnaie numérique de la banque centrale (le «e-franc suisse») – devrait également être soumise au vote populaire.

La date du référendum sur l'initiative sur l'argent liquide n'a pas encore été fixée. Selon Swissinfo, aucun des principaux partis politiques suisses ne soutient l'initiative.

Trois avantages uniques du numéraire, selon la BNS

La Banque nationale (BNS) s'est opposée à ce référendum. Officiellement, la banque centrale n'a pas de préférence quant à savoir si les gens paient en espèces ou avec des alternatives numériques. Ce qui compte, c'est la liberté de choix. La BNS a souligné trois avantages essentiels du cash par rapport aux paiements numériques:

1. Les espèces permettent de gérer son argent de manière claire et simple;

2. Sa simplicité d'utilisation (pas besoin d'un compte ou d'un téléphone portable pour payer avec des pièces et des billets, ni d'une affinité avec la technologie numérique);

3. L’anonymat: dans le cas des paiements électroniques, des informations sur les personnes qui effectuent le paiement et sur leur comportement en matière de paiement sont stockées. Ce n’est pas le cas du numéraire.

Pour que les gens puissent continuer à profiter de ces avantages, le vice-président de la BNS, Martin Schlegel, a déclaré que l'institution doit contribuer à préserver l'infrastructure du numéraire en Suisse, qui comprend les opérateurs de traitement des espèces et les banques commerciales. Cela signifie également que les magasins doivent continuer à accepter les billets et les pièces pour les achats.

La voix du peuple Suisse souverain

Si cette initiative a très peu de chance d’être adoptée, elle a au moins le mérite d’ouvrir le débat sur le rôle de l’argent liquide et des dangers potentiels pour les citoyens d’une économie entièrement basée sur les paiements électroniques. Alors que de nombreux Etats sont en train de plancher sur le lancement de leur CDBC («Central Bank Digital Currency»), nous sommes en droit de nous poser la question de la manière dont ces devises numériques seront utilisées pour surveiller, analyser et contrôler les comportements des consommateurs.

Mais dans l’immense majorité des pays, le peuple n'est pas consulté. Dès lors, cette consultation des citoyens suisses revêt un intérêt particulier car nos vues sur la question de l’argent liquide vont intéresser les peuples qui n’ont pas la chance de bénéficier de la démocratie directe.

Source: MLS, Reuters, www.zerohedge.com