C’est en tout cas ce qu’annonce le média The Information. Dès l’an prochain 2,8 milliards d'utilisateurs quotidien de Facebook pourraient acheter une «smartwatch» de l’entreprise californienne.
C’est une nouvelle qui devrait alerter l’industrie horlogère suisse. En effet, après Apple qui en 2015 lança son Apple Watch et qui depuis a écrasé la présence des Suisses dans les deux secteurs d’entrée de gamme : les montres à moins 200 francs et de 200 à 500 francs.
Pour rappel: en 2015 les horlogers produisaient encore 18,6 millions de montres à moins de 200 francs et 4,5 millions entre 200 et 500 francs soit environ 23 millions de montres dans ces deux catégories d’entrée de gamme. Aujourd’hui, 5 ans après, on en est à moins de 10 millions. Une chute vertigineuse. Une chute dangereuse.
Sans une production de masse, il n’y a pas d’économie d’échelle, et donc pas d’industrie. Ernst Thomke et Elmar Mock l’avaient bien compris lorsqu’en 1983, ils lancèrent la Swatch. L’objectif premier était de relancer une montre bon marché pour regagner des parts de marché sur la montre à quartz des japonais. Pari gagnant. Pari réussi. La Swatch relança complètement la montre suisse et toute l’industrie horlogère en profita.
Mais aujourd’hui, le problème n’est plus le quartz mais le «connecté». Il faut le constater: il manque en Suisse romande une forte compétence en informatique qui serait à la hauteur de rivaliser avec les concurrents californiens.
C’est une vision qui a manqué… il y a vingt ans… notamment à l’EPFL dirigée par Patrick Aebischer. Ce n’était pas la «biotech» sur laquelle il fallait porter ses efforts… mais bien l’informatique! Une erreur stratégique qui se paye cash!
Facebook a une seule vision avec son projet de montre: remplacer l'heure. Pour y parvenir la société va poursuivre deux champs d'applications: la messagerie et le digital health! Et pour ce faire, il a besoin du poignet de ses 2,8 milliards d’usagers. Il va donc construire une montre «connectée». En effet, le poignet est un haut lieu stratégique pour la santé (prendre le pouls) et la messagerie (regarder son correspondant comme dans un film de science-fiction). Communication et Santé sont les maîtres mots de notre avenir, selon Facebook.
Messieurs les horlogers suisses réveillez-vous! Si le «connecté» n’est plus pour vous alors il faut se focaliser sur la montre de luxe et la joaillerie... et donc plus question de rivaliser dans les «complications» digitales du futur… mais de créer une sorte de «moat» infranchissable à la concurrence dans la haute horlogerie.