Les enjeux du réchauffement climatique et de l’approvisionnement énergétique de la Suisse sont essentiels, à la fois pour assurer l’avenir des générations futures, mais également pour la prospérité du pays.
Contrairement aux solutions anxiogènes portées notamment par les Verts, ces enjeux devraient être traités comme des opportunités extraordinaires d’accroître l’attractivité du pays sur le moyen et long terme. En effet, la Suisse est en position de force pour réussir cette transition énergétique pour au moins trois raisons: premièrement, elle dispose de hautes écoles et d’un environnement favorable pour créer un pôle extraordinaire en matière d’énergies renouvelables (recherche, développement et même industrialisation); deuxièmement, la Suisse a les moyens financiers d’une politique ambitieuse visant à une décarbonation à marche forcée; troisièmement, la taille du pays permet d’envisager une quasi-autonomie en matière énergétique fondée essentiellement sur l’hydraulique et le solaire.
Il faut encourager et soutenir l’innovation pour optimiser la consommation énergétique, en utilisant de technologies moins polluantes et plus efficientes.
Lionel Halpérin
Il faut donc encourager et soutenir l’innovation pour optimiser la consommation énergétique, en utilisant des technologies moins polluantes et plus efficientes, ou en recourant à la digitalisation et à l’intelligence artificielle. C’est particulièrement vrai pour le secteur immobilier qui doit se transformer en profondeur. Mais l’Etat et les propriétaires privés devront s’entendre rapidement pour financer conjointement la rénovation des bâtiments anciens.
Multiplier le nombre de panneaux solaires offre évidemment une solution, mais pas en contraignant les propriétaires de maison individuelle à supporter l’essentiel de cette transition, car les oppositions seront nombreuses et les résultats modestes. Au contraire, il faut privilégier la pose de panneaux solaires dans les zones industrielles ainsi que sur les bâtiments d’habitat collectif, sur certains axes routiers (par exemple l’autoroute de contournement à Genève), sur des infrastructures ferroviaires ou encore en équipant les serres dans les terrains agricoles.
Grâce à une politique volontariste et déterminée nous serons en mesure d’atteindre une autonomie énergétique de l’ordre de 80%, au lieu de dépendre à plus de 70% des énergies étrangères, évitant ainsi tout risque de pénurie et en devenant un des premiers pays décarbonés au monde.
Selon une étude de la Fondation Nomads, la réalisation du potentiel total du canton de Genève nécessiterait un investissement de l’ordre de 200 millions par an pendant dix ans. A l’échelle suisse, ce coût devrait être multiplié par 16. Il n’est évidemment pas question que cette charge soit uniquement supportée par l’Etat, mais il devra y contribuer sous forme d’incitation fiscale et de subventions. Je n’ai aucun doute sur le fait que ces coûts seront très largement rentabilisés tant par le développement de ce pôle en matière d’innovation, que par la réduction des dépenses d’importation des énergies de l’étranger.