Véritable colonne vertébrale de notre système d’approvisionnement représentant environ 60% de la production suisse d’électricité, la force hydraulique se retrouve aujourd’hui dans une situation économiquement difficile.
Or, la capacité du pompage-turbinage de stocker les énergies aléatoires photovoltaïque et éolienne lui confère un rôle indispensable pour notre futur système énergétique.Les discussions actuelles autour de l’octroi de subventions aux énergies renouvelables et de leur montant sont différentes selon l’énergie renouvelable concernée.
Un subside au photovoltaïque ou à l’éolien s’avère indispensable alors qu’une aide à l’énergie hydraulique semble superflue. Qu’il s’agisse de photovoltaïque, d’éolien ou d’hydraulique, le constat est cependant le même: le prix de vente de ces énergies sur le marché ne couvre actuellement pas leur coût de production.Egalité de traitement pour toutes les énergies renouvelablesAlimenté par tous les consommateurs de courant qui paient une taxe pour chaque kilowattheure utilisé, le fonds RPC a été mis en place par la Confédération afin de soutenir les énergies renouvelables tant que leur coût de production est supérieur aux prix de l’électricité négociés sur le marché.
L’énergie hydraulique se trouvant actuellement dans cette situation, elle doit être soutenue au même titre que les autres énergies renouvelables. C’est une question de principe et d’égalité de traitement, indépendamment des montants en discussion. De plus, il faut tenir compte du critère d’octroi d’un nombre maximal de kWh produits par franc de subvention accordé, critère auquel la production hydraulique répond.La force hydraulique se retrouve aujourd’hui dans une situation économiquement difficile. La cause en est les distorsions du marché motivées par différents facteurs internationaux non influençables.
L’hydraulique souffre du contexte économique actuel; elle est mise sous pression par les prix trop bas du charbon et du CO2, ainsi que par les subventions dans les pays voisins. A cela vient encore s’ajouter le franc fort. Les prix actuels de l’électricité sur le marché ne couvrent malheureusement plus les coûts de production de nombreuses centrales hydrauliques. Le prix de revient d’une centrale comme Grande-Dixence par exemple s’élève à 8 ct le kWh en moyenne, sans compter les coûts pris en charge par les actionnaires tels que l’optimisation ou la commercialisation, alors que l’électricité sur le marché se négocie actuellement autour des 4 ct le kWh. Composé de près de 40% de redevances et impôts, ce prix de revient peut varier énormément suivant les particularités (type d’infrastructures, situation géographique, économique, etc.) de chaque centrale. Pour les sociétés de production qui ne disposent pas d’un accès direct aux clients finaux, la situation est particulièrement difficile. Puisqu’elles ne peuvent pas répercuter leurs charges sur des clients captifs comme le prévoit l’ordonnance sur l’approvisionnement en électricité (OApEl), elles sont complètement exposées aux prix du marché et subissent de plein fouet la perte de rentabilité de l’énergie hydraulique.
Des investissements à long terme
L’hydraulique nécessite des investissements à long terme alors que les marchés ont évolué très rapidement ces dernières années suite aux distorsions conséquentes à des décisions politiques. De plus, aucune amélioration n’est en vue sur le marché au moins pendant les cinq prochaines années. C’est pourquoi des conditions-cadre équitables pour l’hydraulique sont actuellement indispensables.
Un soutien limité dans le temps aux centrales existantes - et non seulement aux investissements dans les nouvelles centrales - la placerait à égalité de traitement avec les autres énergies renouvelables. De plus, il est nécessaire de flexibiliser les redevances hydrauliques en liant leur évolution à celle des prix du marché lorsque le régime sera revu en 2019. Indispensables au système aujourd’hui, l’hydraulique, unique ressource énergétique de la Suisse, et ses capacités de stockage le seront également pour l’approvisionnement énergétique de demain.