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Electricité: le pire est évitable

Si nous prenons les mesures adéquates à temps et avons le courage de les mettre en oeuvre: la Suisse peut éviter un blackout. Par Dominique Rochat

Electricité: le pire est évitable
Keystone
Dominique Rochat
Economiesuisse - Responsable de projets
26 octobre 2021, 16h00
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Il y a peu, la Suisse s’est brutalement réveillée après un mauvais rêve, où le pays manquait d’électricité durant l’hiver. Depuis, la fébrilité, voire la panique, s’est installée par rapport à notre approvisionnement électrique futur. Ces alertes arrivent à un moment propice, juste avant que le Parlement révise la législation sur l’électricité. Avant toute chose, une analyse fondée de la situation s’impose pour prendre des décisions qui contribueront vraiment à consolider notre approvisionnement futur.

Les signaux d’alarme qui retentissent mettent en évidence les risques bien connus de la politique énergétique mise en place en 2017.

Dans le fond, les signaux d’alarme qui retentissent mettent en évidence les risques bien connus de la politique énergétique mise en place en 2017. Les Suisses ont approuvé un arrêt progressif du nucléaire, son remplacement par des énergies renouvelables et une meilleure efficacité énergétique. Le plan est alléchant, mais les étoiles qui devaient permettre sa réalisation ne sont plus alignées comme elles le devraient. 

Alors que la consommation électrique devait légèrement augmenter, elle croîtra pour permettre de remplacer les énergies fossiles et atteindre ainsi «zéro émission nette» d’ici 2050. Pour y faire face et assurer la production durant l’hiver, qui est la seule période critique, le développement de l’énergie hydraulique, éolienne ou d’autres sources pertinentes est au point mort. En plus, les incertitudes croissent sur les importations d’électricité depuis l’Union européenne, faute d’un accord avec elle ou entre les gestionnaires des réseaux de transport transfrontaliers. 

La Suisse va-t-elle pour autant vers un blackout? Rien n’est moins sûr si nous prenons les mesures adéquates à temps et avons le courage de le faire. Le courage par exemple de limiter fortement les entraves qui empêchent d’augmenter la production d’énergies renouvelables locales, en particulier hydraulique. Le courage également de reconnaître qu’une prolongation de la durée d’exploitation des centrales nucléaires existantes limiterait nettement le besoin d’importer en hiver. Et aussi le courage d’admettre qu’il faut recommencer à négocier des accords avec les pays voisins et disposer, si nécessaire, de centrales à gaz pour éviter les risques d’une panne d’approvisionnement. Car les conséquences d’un tel scénario seraient économiquement, financièrement et socialement si importantes que le mauvais rêve pourrait se transformer en cauchemar. Fort heureusement, nous pouvons l’éviter.