Qui n’a pas rêvé à un moment ou l’autre de devenir entrepreneur? Qui n’a pas en tête de mythe de l’entrepreneur, libre, indépendant, riche, fier de son succès?
La réalité peut être différente. Devenir entrepreneur est un choix de vie avec ses joies mais également ses sacrifices.
Dans notre perspective de capital «risqueurs», environ 50% des entrepreneurs parviennent à réaliser tout ou partie de leurs visions. L’autre moitié échoue.
Le succès ne tient pas à grand-chose. Le talent et les efforts investis sont certes nécessaires, mais ils ne sont souvent pas suffisants. Quelques rencontres décisives, quelques opportunités bien saisies peuvent être déterminantes.
L’alternative pour les personnes ambitieuses est de devenir cadre dans une grande entreprise. Le prix à payer en termes d’accomplissement de soi peut sembler élevé mais la prédictibilité de la carrière peut avoir ses avantages selon la personnalité de l’individu.
Un salaire confortable en fin de mois peut apparaître comme un miracle pour un entrepreneur qui peine à trouver des clients ou des investisseurs...
L’entrepreneur doit cultiver des talents contradictoires. Il doit être un visionnaire qui est capable d’appréhender les grandes tendances et de les transformer en opportunités, mais il doit en même temps être sur le pont tous les jours pour assurer le quotidien. Il doit savoir faire rêver avec des perspectives optimistes ses partenaires, ses investisseurs, ses employés, ses fournisseurs pour obtenir leur soutien, et en même temps il doit s’assurer délivrer ses promesses.
Souvent il démarre son affaire avec des amis d’étude ou des collègues. En cas de succès, les besoins de l’entreprise changent avec la taille et certaines de ces personnes ne sont plus adéquates. L’entrepreneur doit alors trouver le bon équilibre entre la fidélité aux amis de la première heure et la nécessité d’adapter son organisation aux besoins du moment.
La liste des tiraillements de l’entrepreneur est longue. Elle peut devenir lourde à porter selon les circonstances et selon le caractère de la personne.
À l’heure de se lancer, l’entrepreneur en devenir doit être honnête vis à vis de lui-même.
Peut-il vivre avec l’insécurité chronique, avec les contradictions du job, avec la solitude liée à la position de «seul maître à bord»? Est-ce que son conjoint et sa famille sont disposés à assumer cette situation et le soutenir par vents et marées? Est-il prêt à faire preuve d’une assiduité au-dessus de toute épreuve?
Je suis d’une génération (57 ans) où les «corporate jobs» n’étaient pas très bien payés. La situation est bien différente maintenant.
Une carrière dans une grande boite met l’intéressé à l’abri du besoin et lui permet d’accumuler un capital qui est bien plus conséquent que celui de la majorité des entrepreneurs. Il le fait sans grands risques par ailleurs.
Son véritable sacrifice est le sentiment de manque de liberté et l’envie d’être à son compte qui peut y être associée. Pour avoir pratiqué quelques métiers, y compris celui de l’entrepreneur, je confirme que ce n’est pas pour tous les caractères. J’ai sincèrement adoré cette période de ma vie, mais elle ne fut pas sans conséquences sur moi et sur mon entourage. À consommer sans modération mais en assumant les conséquences.