La dernière réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) s’est achevée à Davos il y a peu. Comme d’habitude, beaucoup louent ces réunions alors que d’autres sont plus critiques. Pourtant, ces critiques relèvent bien souvent de mythes tenaces. En voici deux exemples.
Mythe 1: l’avenir du monde se décide à Davos, dans le plus grand secret et sans légitimité démocratique
En réalité, concernant les nations, les grandes décisions officielles ne se prennent pas à Davos mais dans les parlements, dans les cabinets présidentiels ou ministériels voire lors de votations populaires. Quant aux entreprises, les décisions clés sont prises dans les assemblées des actionnaires, les conseils d’administration et les organes de direction. Par contre, il est certain que beaucoup d’idées sont générées dans le cadre des réunions du WEF, suite à d’échanges de points de vue avec des pairs et des experts.
Les 450 sessions officielles à Davos sont parfois publiques (filmées en direct), parfois semi-publiques (avec une présence limitée des médias) et parfois à huis clos. Cela me semble tout à fait normal. Par analogie, les séances du Parlement suisse sont publiques mais cela n’est pas le cas des commissions parlementaires et des séances du Conseil fédéral.
De plus, le WEF n’organise pas seulement des grandes réunions mais copublie du contenu de haute qualité, anime des communautés et, de plus en plus, met sur pied des initiatives concrètes pour protéger notre planète ou fomenter la paix. Toutes ces activités ont naturellement une influence sur les gouvernements et les entreprises.
Mythe 2: le WEF est une plate-forme idéale pour faire des affaires juteuses
Le WEF n’est pas un club d’affaires mais une fondation dont le but est «d’améliorer l’état du monde». Je connais suffisamment bien et depuis très longtemps les dirigeants du WEF pour être convaincu de leur sincérité. Naturellement, l’amélioration de l’état du monde ne sera jamais suffisante tellement cette mission est ambitieuse. Néanmoins, en passant en revue le contenu des 450 sessions davosiennes, la prédominance des sujets ESG (environnement, social et gouvernance) est évidente.
Parmi les 3000 participants officiels des réunions davosiennes, environ la moitié sont des hommes d’affaires. Comme la confiance est une des bases du «business», il coule de source que des rencontres -- planifiées ou fortuites -- entre ces «business people» (ou avec d’autres parties prenantes) peuvent faire progresser des relations commerciales. Selon mon expérience, cela est véritablement le cas pour certaines entreprises (banques, cabinets de conseils, etc.) et beaucoup moins le cas pour de nombreuses autres sociétés.