Gregory Bovay
Centre Patronal - Secrétaire patronal, Responsable politique Energie
17 septembre 2020, 11h34
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Le 2 septembre dernier, le Conseil fédéral adoptait un rapport sur l’importance des émissions négatives de CO2 pour la future politique climatique de la Suisse.
En ratifiant l’Accord de Paris, la Suisse s’est engagée à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990. En complément, le Conseil fédéral vise également un objectif de zéro émission nette à partir de 2050. La loi sur le CO2, actuellement en discussion aux Chambres fédérales et qui très probablement sera soumise en votation populaire en 2021, poursuit les mêmes objectifs.
Or, on constate que la Suisse n’atteindra pas l’objectif climatique national de diminuer les émissions de 20 % par rapport à 1990, puisqu’à ce jour la diminution est d’environ 14 % selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Et cela malgré la taxe incitative (taxe sur le CO2) prélevée depuis le 1er janvier 2008.
A l’évidence, réaliser les objectifs climatiques définis dans l’Accord de Paris avec les seules mesures de réduction des émissions semble, sinon impraticable, du moins couplé à des investissements colossaux, a fortiori si une part importante des émissions doit être compensée dans le pays alors qu’il serait possible d’en compenser bien plus à l’étranger pour un coût moindre.
Conscient semble-t-il de la difficulté, le Conseil fédéral vient à cet égard d’adopter un rapport sur l’importance des émissions négatives de CO2 pour la future politique climatique de la Suisse. Le principe des émissions négatives consiste à retirer du CO2 de l’atmosphère terrestre et de le stocker durablement par des moyens techniques ou biologiques. Dans ce rapport, le Conseil fédéral fait état des différentes technologies actuelles et du potentiel de stockage en Suisse, malheureusement limité en raison du manque de surfaces disponibles.
On peut cependant faire autrement. Alors que le marché des énergies est dominé par la Chine, tout reste à faire concernant les technologies d’émissions négatives et leur développement. Comparée à beaucoup d’autres pays, la Suisse est bien placée pour jouer un rôle moteur compte tenu de ses capacités de recherche et d’innovation ainsi que du savoir-faire qu’elle a déjà acquis en la matière.
Pour preuve, la première installation commerciale au monde de captage direct du CO2 se trouve à Hinwil dans le canton de Zurich. Elle a été développée par la start-up suisse Climeworks. A ce jour, seule une poignée d’entreprises à travers le monde développent des solutions similaires à la start-up helvétique. De surcroît ces technologies se veulent positives, car créatrices de richesses, d’emplois et de nouveaux marchés, à l’opposé des mesures presque exclusivement punitives prévues dans la future législation sur le CO2.
A l’échelle mondiale, il y a aujourd’hui un consensus pour affirmer que nous ne pourrons pas faire l’économie de mesures de captage et de stockage ou d’utilisation du CO2 si nous voulons limiter le réchauffement mondial. Dans ce contexte, notre pays et notre économie ont l’occasion d’être des acteurs majeurs de ce marché nouveau qui ne fait qu’émerger. C’est tout un pan nouveau de notre industrie qui pourrait se développer. Enfin pour la Suisse, il s’agirait aussi d’un levier important pour participer de manière sensible à la réduction des émissions de CO2 à l’échelle internationale.
* Secrétaire patronal Centre patronal
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