La défense de ce qui fait le cœur de la Suisse a la cote. Les symboles helvétiques se font de plus en plus souvent vecteurs de messages politiques. Ici, un parti se revendique comme celui de la Suisse, là une association se définit comme amie de la Constitution ou des citoyens se perçoivent comme les défenseurs de la liberté. Suffit-il de le décréter pour l’être?
La crise que nous traversons est non seulement un défi sanitaire et économique, mais elle met également sous pression la cohésion du pays. Elle est l’occasion pour certains de franchir la ligne rouge au travers d’attitudes et de propos qui sont inacceptables dans notre Etat de droit et qui usurpent au passage les mêmes valeurs qu’ils prétendent défendre, comme la liberté ou la démocratie, par exemple.
Que l’on soit en faveur ou non de la vaccination n’est pas la question. La Suisse a opté pour la liberté de choix garantissant à chacun toute latitude de décider ce qu’il entend faire. Il doit aussi en assumer les conséquences. Or, certains veulent pouvoir agir à leur guise.
Ainsi, les soi-disant défenseurs de la liberté se posent en gardiens du temple, mais ils ignorent sa nécessaire contrepartie, qui est la responsabilité. Pire, ils n’hésitent pas à renier celle des autres, en les mettant en danger par leur comportement, voire en menaçant les autorités.
Le phénomène consistant s’en prendre aux symboles nationaux n’est pas nouveau.
Les prétendus amis de la Constitution seraient quant à eux bien inspirés de se replonger dans ce texte fondateur de la Suisse, et plus généralement dans son ordre juridique. Ils se rendraient compte que non seulement les décisions prises l’ont été dans le strict respect du droit, mais également du principe fondateur de notre démocratie, qui est le respect de la majorité: c’est le plus grand groupe qui a raison, pas celui qui crie le plus fort et qui cherche à imposer ses choix. Les minorités doivent certes être entendues et protégées. C’est ce que fait le Conseil fédéral en tenant à préserver les plus vulnérables dans cette crise.
Le phénomène consistant s’en prendre aux symboles nationaux n’est pas nouveau. Les atteintes contre les institutions – le Conseil fédéral, la Banque nationale ou, plus récemment, les autorités sanitaires ou la cohésion nationale (villes contre campagnes) – se font toujours plus nombreuses ces dernières années.
S’il est toujours possible de remettre en question des décisions ou des politiques publiques, on peine à comprendre la véritable motivation de ces attaques. Favoriser le chaos? Si tel est le cas, on ne peut que constater que la crise sanitaire constitue un terreau favorable à l’agitation sociale. Quant à savoir à qui profite le crime, très certainement pas au peuple suisse que ces usurpateurs prétendent faussement défendre.