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50 ans de la protection de l'environnement

1971-2021: de la protection de l’environnement à la gestion des ressources. Par René Longet

René Longet
Expert en développement durable
17 juin 2021, 20h46
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Le 7 juin 1971, le peuple suisse inscrivait dans la constitution fédérale, avec 93% de oui, l’exigence de protéger l’environnement. Chaque génération semble redécouvrir l’enjeu écologique et la «génération climat» ne fait pas exception. Or, il était connu dès les années 1960 et parmi les premiers lanceurs d’alerte, l’on trouve les océanographes Cousteau et Bombard, et les biologistes Jean Dorst (Avant que nature meure, 1965) et Rachel Carson (Le printemps silencieux, 1962).

A la même époque, le rapport au Club de Rome "Halte à la croissance?", diffusé à plus de 16 millions d’exemplaires, questionnait la capacité de la nature à soutenir les activités humaines. A ce moment même débuta la «grande accélération». qui est en passe de rendre inhospitalière notre patrie commune, la Terre. On savait donc pertinemment où cela pourrait mener.

Quant aux enjeux climatiques, les États-Unis les considéraient comme un des plus importants risques de déstabilisation. Le président Carter avait fait installer des capteurs solaires sur la Maison Blanche et certaines compagnies pétrolières montraient un fort intérêt pour les énergies renouvelables. Mais il n’a pas été réélu et ce fut la grande vague de dérégulation ; l’engouement pour le consumérisme a fait le reste.

En 50 ans, diverses substances ont été interdites, comme l’amiante ou le mercure ; les pots d’échappements ont été équipés de catalyseurs ; la dégradation de la couche d’ozone a pu être freinée. Mais ce furent à chaque fois des combats occupant parfois des décennies - et toujours en retard sur les exigences de la situation.

Il faut se rendre à l’évidence: les dispositifs mis en place pour limiter nos impacts négatifs n’ont pas pu infléchir les tendances de fond. La transition vers une économie circulaire et un usage sobre des ressources de la Terre, une systématique de prévention des risques chimiques, le passage à l’agro-écologie et aux bâtiments «positifs», le transfert de l’aviation court-courrier au ferroviaire – tout cela reste à faire.

Peut-être l’erreur de base a-t-elle été de parler d’environnement? Car cet «environnement» n’est aucunement un enjeu situé en dehors de nous, un ornement dont on pourrait se passer, qu’on «protègerait» tant qu’un certain degré de «prospérité» permettrait de le faire. Il s’agit tout au contraire de la base de la vie et de tout développement économique, culturel et social.