Nathalie Feingold
NPBA - Fondatrice
03 novembre 2020, 12h20
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Une des missions importantes du conseil d’administration est de pérenniser l’entreprise, et donc d’adapter la gouvernance à un monde changeant où les données sont désormais partout. Même si toutes les entreprises ne sont pas aujourd’hui dotées de compétences digitales au sein de leurs instances dirigeantes, la crise de la COVID va certainement accélérer la nécessité de placer les données au rang des sujets à discuter au plus haut niveau des organisations.
Quels que soient l’activité et le degré de maturité numérique des entreprises, les data sont omniprésentes et des connaissances adaptées sont aujourd’hui indispensables afin d’en assurer la pérennité. Certes, les administrateurs n’ont pas besoin d’être des experts en transformation digitale et les questions liées au numérique peuvent être déléguées à des comités ad hoc et/ou s’appuyer sur des compétences internes ou externes.
Mais encore faut-il que le conseil d’administration sache ensuite utiliser les résultats des travaux de ces comités, challenger l’opérationnel et décider en connaissance. Car au-delà du digital, c’est le sujet des données, en tant qu’actif et passif des entreprises, qui est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait. Il impacte de nombreuses dimensions stratégiques telles que l’efficacité des processus décisionnels, la gestion des risques ou encore les ressources humaines.
Au même titre que des compétences minimales en finance sont requises pour tous les membres, un socle de compétences minimales en données, une littératie des données, est bienvenue. Formation classique, coaching ou même "digital reverse mentoring" (un dirigeant se fait former par un collaborateur sur des sujets digitaux): se former est à la portée de tous.
A titre d’exemple, le secteur bancaire, à travers les Principes BCBS 239, place les données de risque – leur agrégation, la prise en compte correcte du périmètre d’analyse, la mise à disposition de moyens adéquates dans l’organisation - comme un sujet stratégique dont la gouvernance dépend directement du conseil d’administration et de la direction générale.
Or, l’étude des conseils d’administration réalisée par BDO, menée en 2020 sur 667 PME et sociétés anonymes de taille moyenne en Suisse révèle «que la plupart des présidents de conseils d'administration interrogés [ont] tendance à classer les compétences digitales comme étant peu importantes lorsqu'il s'agit de nommer les membres du conseil.» Ces résultats ne préjugent pas des compétences des membres en place ni du degré de digitalisation de l’entreprise. L’étude précise à juste titre que l’interprétation des résultats est complexe; nous n’en tirerons donc pas de conclusion hâtive.
Mais tout de même, ce résultat interpelle quand on sait qu’aujourd’hui, toutes les entreprises sont concernées par le digital : des plus tech aux plus artisanales. La récente enquête d’ICT journal «Quel impact la crise a-t-elle sur l’agenda des DSI romands? » confirme que « la nouvelle normalité qui se dessine va faire la part belle aux initiatives de numérisation. La crise a déjà et va continuer de dynamiser la transformation numérique des entreprises […] ».
Le digital prend une place croissante dans les entreprises depuis le COVID, il en va de même pour les données dont la gestion stratégique devrait dépendre, au même titre que les autres ressources de l’entreprise, du conseil d’administration.
* Fondatrice NPBA