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Climat et sécurité: l’enjeu des dettes

Comment gérer le coût colossal du changement climatique? Par Damien Degeorges

Damien Degeorges
Spécialiste des pays nordiques
25 mars 2021, 20h21
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Un débat organisé récemment par le Conseil de sécurité de l’ONU évoquait l’impact sécuritaire du changement climatique. Un sujet qui permet de s’évader, un temps, du court terme lié à la crise du Covid-19.

Le court terme actuel est cependant utile pour envisager des risques climat-sécurité à l’ère de crises à répétition. Que des dettes souveraines ne soient un jour plus soutenables du fait du coût du changement climatique n’est pas à exclure.

Penser que la «dette Covid» est celle d’une crise comme l’humanité n’en connaît que tous les cent ans serait, au XXIe siècle, une grave erreur. De nouvelles pandémies auront le temps de voir le jour d’ici 2100, notamment du fait de virus que la fonte des glaces pourra libérer.

Surtout, il faudra gérer par-dessus tout le coût colossal du changement climatique, entre adaptation des territoires à une augmentation de température et besoin d’une capacité financière à même de répondre aux conséquences des catastrophes naturelles.

Le défi climatique nécessitera rapidement des dettes publiques «saines».

À l’heure où la «dette Covid» donne dans certains pays le vertige, il est urgent de prendre la mesure du risque sécuritaire que pourra faire peser le changement climatique sur certaines dettes souveraines et, a minima, sur l’environnement régional des États concernés. Or des économies développées sont loin d’être à l’abri. Surtout si l’on ajoute le risque «cyber».

Le défi climatique nécessitera rapidement des dettes publiques «saines». L’année 2020 a démontré la sensibilité du sujet entre pays du Nord et pays du Sud au sein de l’Union européenne.

En s’enlisant, semaine après semaine, dans un débat insoutenable sur l’idée de savoir si sa «dette Covid» devra être remboursée, la France semble pourtant l’avoir déjà oublié. Ce qui est étonnant dans un pays où, il n’y a pas si longtemps, une «simple» hausse de taxe carbone, un temps envisagée, avait fini par déclencher des émeutes. Que dire des conséquences en cas de non-remboursement de dette!

Au XXIe siècle, l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la gestion obligataire souveraine apparaît comme une évidence. En quelque sorte, l’investisseur responsable peut aider à une compétition des États par le haut. Les pays nordiques, leaders dans l’anticipation des enjeux ESG, sont à suivre. Par temps de crise, leur résilience se démontre.