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Building Bridges: un pas de plus vers la transition écologique

La dette contractée à la planète est énorme et il est temps de payer. Le secteur de la finance doit jouer un rôle central dans le processus vers une économie à faible émission de carbone. Par Laurent Ramsey

«Les partenariats entre investisseurs, scientifiques, entreprises et ONG comme celui qu’incarne Building Bridges sont le seul moyen d’obtenir les résultats nécessaires.»
«Les partenariats entre investisseurs, scientifiques, entreprises et ONG comme celui qu’incarne Building Bridges sont le seul moyen d’obtenir les résultats nécessaires.»
Laurent Ramsey
Pictet - Associé-gérant et co-directeur général de l’Asset management
29 septembre 2022, 20h30
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L’initiative Building Bridges est née de la conviction que l’ampleur et la complexité de la transition écologique exigent la collaboration d’une multitude d’acteurs publics et privés.

Le secteur financier ne doit pas seulement participer à cet effort. Il a un rôle clé à jouer dans l’identification de solutions concrètes pour encourager cette transition. Et ce d’autant plus que l’effondrement écologique qui pourrait survenir dans les prochaines décennies est le résultat d’une défaillance sans précédent des marchés. En effet, nous vivons à crédit sur le dos de la planète depuis des dizaines d’années. Et les investisseurs que nous sommes le savent bien: rien n’est jamais gratuit.

Notre planète nous envoie aujourd’hui des «appels de marge» toujours plus pressants, sous la forme d’événements climatiques extrêmes

Laurent Ramsey

Nous réalisons aujourd’hui que nous avons accumulé une dette énorme vis-à-vis des fonctions essentielles à notre écosystème qui s’illustre par la transformation des cycles du carbone et de l’eau, la perte de la biodiversité, et un bouleversement du système terrestre dans son ensemble. Mais au lieu de rembourser cette dette, nous ne cessons de réclamer des reports de paiement. Or, notre planète nous envoie aujourd’hui des «appels de marge» toujours plus pressants, sous la forme d’événements climatiques extrêmes observés fréquemment ces derniers mois (canicule, incendies, sécheresse et inondations). Et plus nous retardons le paiement de cette dette, plus le coût en sera élevé. Contrairement au milieu de la finance, il n’existe pas de banque centrale pour la nature. Aucune institution ne peut intervenir du jour au lendemain pour retirer le carbone de notre atmosphère, injecter de l’eau là où il en manque ou assainir des sols contaminés.

Les acteurs de la finance et les autorités de surveillance le savent: il faut agir sans attendre. Le Network for Greening the Financial System, qui compte 116 banques centrales et organes de supervision dont la Finma et la BNS, a déclaré publiquement que les risques écologiques pourraient avoir des implications macroéconomiques et financières majeures.

Le défi auquel nous sommes collectivement confrontés aujourd’hui est de savoir comment mettre en œuvre la transition vers une économie à faible émission de carbone et respectueuse de la nature, et à quel rythme.

Atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici 2050 exigera à la fois une forte réduction des émissions de CO2 et de gros efforts pour renforcer les puits de carbone naturels, tels que les forêts et les sols, pour un coût estimé à 3000 à 6000 milliards de dollars par an au cours des trois prochaines décennies. La contribution du secteur privé à l’identification rapide de solutions, grâce aux financements et au savoir-faire apportés, sera déterminante. Les gouvernements ne pourront assurer à eux seuls une transition plus rapide. Mais ils auront un rôle capital à jouer: celui de mettre en place des conditions cadre encourageant les investissements durables (que ce soit par le biais de taxes carbone, réglementations ou subventions aux technologies propres).

Investir de manière responsable constitue une formidable opportunité. Et ne pas le faire, c’est prendre un énorme risque

Laurent Ramsey

Pour les gérants d’actifs, investir de manière responsable constitue une formidable opportunité. Et ne pas le faire, c’est prendre un énorme risque. L’évaluation des actifs par le biais de la collecte de données, leur filtrage et leur analyse afin d’aboutir à des investissements concrets jouent un rôle clé.

En tant qu’investisseurs, et en l’absence de base de données parfaite, nous devons privilégier les solutions et sociétés alignées sur des objectifs climatiques et environnementaux. Plus important encore, nous devons sans cesse interroger les émetteurs pour comprendre leurs motivations et pousser les moins bons élèves à accélérer leur transition.

Les partenariats entre investisseurs, scientifiques, entreprises et ONG comme celui qu’incarne Building Bridges sont le seul moyen d’obtenir les résultats nécessaires. Notre capacité à prendre des décisions à long terme sera déterminante, malgré les chocs exogènes qui vont se multiplier. Il est crucial de concentrer nos efforts sur la construction d’un système capable d’y résister et de prospérer malgré tout.