Petite question: qui a réussi à traverser toutes les crises de la dernière décennie sans encombre, enregistrant au passage et en moyenne 650 millions de francs de bénéfice par année? Roulement de tambour et suspense: le canton de Vaud! Il aura de plus réussi à le faire tout en étendant sa politique sociale et la taille de l’Etat, ainsi qu’en menant des projets d’envergure. L’aide pour les primes maladie aux Vaudois (800 millions) ou les aides Covid (403 millions) n’ont pas modifié d’un iota sa santé financière.
Année après année, bon an mal an, ce sont toujours des bénéfices. Ce qui a conduit un éditorialiste à décrire le canton comme un «écureuil obèse qui attend sur un tas de noisettes». Dans ce contexte, une baisse d’impôt ne précipiterait aucunement l’Etat dans l’austérité et les coupes budgétaires.
Si bénéfices il y a, c’est toujours grâce aux contribuables. Le canton de Vaud – c’est là où le bât blesse – se trouve tristement dans le trio de tête intercantonal qui manie la matraque fiscale avec le plus de dextérité, quelle que soit la catégorie sociale des assujettis. Pas étonnant lorsque l’on sait qu’il n’y a pas eu de véritable réforme structurelle de l’imposition des personnes physiques depuis une vingtaine d’années. Les barèmes datent de 1987 et 2001... Après la vaste réforme de l’imposition des personnes morales, il convient aujourd’hui de se pencher sur celle des personnes physiques (revenus et fortune). Dans cette catégorie, le revenu de l’impôt aura augmenté de 76% ces quinze dernières années.
Le lancement de l’initiative populaire des organisations économiques vaudoises «Baisse d’impôts pour tous» présente plusieurs avantages
Philippe Miauton
En lieu et place d’une notoire modification, des petites adaptations sectorielles utiles ont été adoptées çà et là, qui pour les plus démunis, qui pour les familles, qui pour les primes, etc. Cette semaine, le lancement de l’initiative populaire des organisations économiques «Baisse d’impôts pour tous» offre une alternative et présente plusieurs avantages. Tout d’abord, il ouvre enfin le débat en plaçant ce sujet au cœur de l’agenda politique. Il constitue ensuite une véritable réforme et concerne tous les contribuables, à l’exception de ceux qui sont déjà soumis au bouclier fiscal. Enfin, cette initiative concentre ses efforts sur l’impôt cantonal en prenant soin de ne pas pénaliser les communes, dont la santé financière est aujourd’hui bancale, en grande partie en raison du canton. Mais, surtout, cette initiative est simple: le contribuable soustrait 12% de sa facture d’impôt cantonal.
Le canton de Vaud doit essentiellement la sortie de la grave crise de son endettement des années 2000 aux efforts des contribuables. Aujourd’hui, ce dernier se porte à merveille et il paraît légitime qu’un retour de bon procédé soit effectué. Si l’on pouvait parler d’impôt heureux il y a quelques années, le «béatitudonomètre» s’est largement inversé.