L’Indonésie constitue un marché très intéressant pour les entreprises suisses: 267 millions d’habitants, une classe moyenne en pleine croissance qui aime consommer des produits de qualité, et des besoins d’investissement considérables dans les infrastructures physiques et numériques. Les 6,5 milliards de francs directement investis par les quelques 150 sociétés suisses présentes aujourd’hui sur place sont le reflet de l’importance grandissante de cet État de l’Asie du Sud-Est. La Suisse étant représentée officiellement en Indonésie depuis 1952, fait que les deux pays entretiennent des relations bilatérales diversifiées: le volume annuel des échanges commerciaux avoisine aujourd’hui 1,5 milliards de francs. Mais on pourrait faire beaucoup mieux, comme en témoignent l’indice relatif au potentiel des relations économiques bilatérales que nous avons établi en 2018, ainsi que les analyses du cabinet d’études PricewaterhouseCoopers qui place l’Indonésie en 4e position des puissances économiques mondiales en 2050. Aussi, la conclusion d’un partenariat économique de large portée avec l’Indonésie – la signature est intervenue dans le cadre de l’AELE (Association économique pour le libre-échange) le 16 décembre 2018 – constitue une très bonne nouvelle pour notre pays. Cet accord représente, en effet, une véritable opportunité pour les quelques 97.000 entreprises suisses exportatrices face à leurs concurrentes de l’UE et des USA – qui n’ont pas encore d’accord similaire avec l’Indonésie. Selon les estimations de l’administration fédérale, l’industrie des machines pourrait, ainsi, économiser environ 25 millions de francs par an. En cette période de crise, ce n’est de loin pas négligeable.
Cela aurait pu donc être le début d’une belle histoire – l’accord soutenu par le Conseil fédéral et accepté par une large majorité du Parlement devait entrer en vigueur en 2020. Mais voilà, les Verts et certaines ONG (le WWF, Greenpeace, Public Eye ou Alliance Sud n’en ont fait pas partie) ont décidé de lancer le référendum. Motif invoqué? L’huile de palme, dont l’Indonésie est un des plus grands producteurs au monde. Les Suisses, de gros consommateurs? Pas vraiment: en 2019, seuls 35 tonnes d’huile de palme indonésienne ont été importées dans notre pays, soit 0,0001% de la production totale de cet État asiatique; une goutte d’eau par rapport à la consommation mondiale qui s’élève, elle, à… 76 millions de tonnes! Ce référendum est d’autant plus incompréhensible que la Suisse a négocié, et obtenu, un volet étendu et novateur sur le développement durable avec des engagements contraignants, destinés en particulier à protéger les plantations et forêts indonésiennes, ainsi que ceux qui y travaillent; des engagements que l’Indonésie n’avait jusqu’ici pris avec aucun autre partenaire commercial.
Cet accord représente donc une opportunité incroyable pour les entreprises suisses, mais aussi un très grand pas en avant pour favoriser un commerce et un développement durables. Tâchons de nous en rappeler lorsqu’il s’agira de voter oui à l’accord avec l’Indonésie le 7 mars prochain!