L'Union européenne et la Suisse doivent reprendre le dialogue après la rupture des négociations sur l'accord-cadre du côté helvétique. Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne, a utilisé l'adjectif «intensif», tandis que le conseiller fédéral Ignazio Cassis celui de «structuré». Tous deux se sont rencontrés pour la première fois lundi à Bruxelles.
Open and constructive exchange between close partners 👉 I’m pleased to have met Vice-President of the @EU_Commission, @MarosSefcovic 🇪🇺 We took stock of the state of Swiss-EU relations & agreed to establish a high-level political dialogue to develop the way forward! pic.twitter.com/XXAiBk9892
— Ignazio Cassis (@ignaziocassis) November 15, 2021
Ignazio Cassis et Maros Sefcovic ont réaffirmé leur volonté de coopération. Mais il n'est pas certain qu'ils pensent à la même chose derrière ce discours.
Le diplomate slovaque, en tant que nouvelle personne de contact dans l'UE pour la Suisse, a indiqué lors d'une conférence de presse qui a suivi la rencontre qu'il s'agit désormais d'établir ensemble une feuille de route avec des directives temporelles claires. Mais il faut agir vite: 2024 est trop tard, a précisé le commissaire européen. En Suisse, on dit toujours que la politique européenne ne sera poursuivie qu'après les élections fédérales de l'automne 2023.
Instaurer un climat de confiance
Il faut maintenant instaurer un climat de confiance, a souligné Maros Sefcovic. L'UE attend de la Suisse une volonté politique claire de se pencher sur les questions institutionnelles telles que l'adoption du droit de l'UE et le règlement des différends. L'UE fera le point lors du Forum économique de Davos à la mi-janvier 2022 et verra si la Suisse a cette volonté politique.
Ignazio Cassis a également évoqué le Forum économique de Davos, où la Suisse et l'UE devront discuter d'un agenda commun. Le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé la volonté helvétique de poursuivre sur la voie bilatérale et d'insuffler une dynamique positive aux relations entre les deux partenaires, selon un communiqué de son département.
Les deux parties avaient des visions qu'il fallait analyser pour savoir ce qui «était faisable ensemble et ce qui ne l'était pas», d'après Ignazio Cassis. C'était très important, «sinon nous ferons les mêmes erreurs que par le passé».
Milliard de cohésion
Comme preuve de la volonté de la Suisse de désamorcer la situation, le Tessinois a souligné l'extension de la libre-circulation des personnes à la Croatie à partir de 2022 et le fait que le Parlement suisse a libéré sans condition le milliard de cohésion. «Un signal positif fort.»
Maros Sefcovic en a pris note. Il a toutefois rappelé que l'UE attend de la Suisse des paiements réguliers de cohésion à l'avenir.
A ce sujet, Ignazio Cassis a indiqué que les travaux techniques relatifs à un protocole d'accord, nécessaire entre la Suisse et l'UE, ont été achevés, même si certains Etats membres auraient tenté de les entraver. Les procédures internes respectives peuvent maintenant être lancées sur le plan politique.
Horizon Europe et Erasmus+
Concernant la pleine participation de la Suisse au programme de recherche «Horizon Europe», le commissaire européen a indiqué que l'UE a maintenant besoin de temps pour réfléchir à la manière de procéder. Elle tiendra compte de l'ensemble de la situation Suisse-UE dans sa réflexion.
Nous avons réalisé que nous avions perçu les derniers mois différemment
Ignazio Cassis
Il a également été question du programme Erasmus+. Le ministre des Affaires étrangères a souligné que lier l'accès au marché et les accords de coopération, autrement dit une pleine participation au milliard de cohésion, était contreproductif et incompréhensible du point de vue suisse, car cela mène à un affaiblissement de l'Europe en tant que lieu de recherche. Berne est prête à négocier immédiatement, conformément aux règles des accords de coopération.
Perceptions différentes
Ignazio Cassis et Maros Sefcovic se sont entretenus pendant deux heures, «dont une entre quatre yeux», a précisé le Tessinois. Ils se sont parlé ouvertement et ont fait ensemble le bilan des années passées.
«Nous avons réalisé que nous avions perçu les derniers mois différemment», a déclaré Ignazio Cassis, ajoutant qu'ils voulaient maintenant regarder vers l'avenir. Selon lui, la Commission européenne a été dure mais pragmatique.
Après sa réunion avec Maros Sefcovic, Ignazio Cassis a rencontré des parlementaires suisses de la délégation UE/AELE. Ceux-ci étaient à Bruxelles à l'occasion des 40es rencontres interparlementaires entre les parlements helvétique et européen, pour parler entre autres des relations bilatérales entre la Suisse et l'UE. (ATS)