Près d'une personne sur cinq inscrites auprès d'un office régional de placement (ORP) ne reçoit pas d'indemnité de chômage. Le conseil de ces demandeurs d'emploi est l'un des principaux défis, étant donné que leur situation n'est souvent pas comparable à celle des autres chômeurs, écrit mardi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
Une étude mandatée par la Confédération définit qui sont ces demandeurs d'emploi et quelles prestations ils peuvent obtenir de l'ORP. Ces offices conseillent aussi les demandeurs d'emploi qui, temporairement, ne peuvent pas prétendre à des indemnités de chômage, appelés non-bénéficiaires de prestations (NBP). Ces personnes représentent environ 20% des demandeurs d'emploi inscrits.
Les demandeurs d'emploi dont les rapports de travail ont été résiliés et les autres NBP forment les deux plus grands groupes. La part de ces trois groupes varie fortement entre les cantons, en fonction des réglementations cantonales notamment.
Deux ou trois mois
De nombreux NBP ne restent à l'ORP que deux à trois mois en tant que demandeurs d'emploi ne percevant pas d'indemnités. Selon le groupe auquel ils appartiennent, certains NBP obtiennent des indemnités après une période plus courte.
Certains se désinscrivent de l'ORP parce qu'ils ont trouvé un emploi, mais souvent le motif de leur désinscription est le fait qu'ils n'ont pas droit à des indemnités journalières. Parfois, c'est leur frustration ou leur insatisfaction qui motive leur décision.
Les demandeurs d'emploi dont les rapports de travail ont été résiliés présentent un profil comparable à celui des bénéficiaires de prestations en ce qui concerne l'âge, le sexe et la formation. On constate aussi chez eux la plus grande satisfaction, ce qui peut indiquer que les ORP sont déjà bien tournés vers cette clientèle, note l'étude.
Fortes différences entre cantons
Les personnes en fin de droits forment un petit groupe. Elles sont souvent plus âgées, viennent souvent d'Etats tiers et n'ont fréquemment pas suivi de formation post obligatoire. Elles reçoivent le moins de prestations de la part des ORP. La gestion des cas de fin de droits diffère fortement entre les cantons, parfois aussi entre les ORP.
Dans certains cantons, comme celui de Schaffhouse, une aide au chômage est versée même après l'arrivée en fin de droits en cas de maintien de l'inscription. Dans d'autres cantons, l'étude constate dans certains cas que les personnes arrivées en fin de droits étaient simplement désinscrites sans être informées du fait qu'elles avaient encore droit au soutien de l'ORP.
Les autres NBP sont plutôt plus jeunes, viennent souvent d'Etats tiers et n'ont fréquemment pas suivi de formation post obligatoire. La faible part de 17% de réinscriptions dans une période de douze mois indique que ces NBP soit trouvent une solution à long terme, soit se retirent complètement de l'exercice d'une activité lucrative, soit renoncent au soutien de l'ORP pour trouver un emploi.
Ce groupe est toutefois très hétérogène. Il peut s'agir de réfugiés reconnus ainsi que de personnes et réfugiés admis à titre provisoire, de demandeurs d'emploi qui souhaitent continuer à travailler après l'âge de la retraite, de demandeurs qui n'ont pas de revenu d'une activité lucrative pendant les deux années précédentes et ne peuvent donc pas prétendre à des indemnités de chômage ou de personnes arrivées en fin de droits qui se réinscrivent à l'ORP. Dans ce cas, un recoupement est possible avec le sous-groupe précédent.
Mieux traités
Les conseillers et spécialistes interrogés déclarent que la position et l'offre des ORP envers les NBP se sont grandement améliorées au fil du temps. Ainsi, les NBP sont aujourd'hui traités la plupart du temps de la même manière que les bénéficiaires de prestations.
Ils peuvent en particulier bénéficier des mêmes prestations de conseil et de placement. Les seules limitations concernent le suivi des mesures du marché du travail (MMT), soit les prestations de l'assurance-chômage visant à prévenir et combattre le chômage.
Conseils jugés peu utiles
Les NBP jugent souvent le conseil comme peu ou pas utile. L'étude suppose dans certains cas que cette affirmation ne concerne pas la qualité du conseil, mais plutôt le manque de temps consacré. Il semblerait en outre que la situation de vie des NBP (en particulier les personnes en fin de droits) soit systématiquement différente de celle des bénéficiaires de prestations.
Les NBP ont tendance à avoir plus de problèmes de santé et/ou à être dans des situations sociales difficiles. Diminuer la frustration et augmenter la confiance en soi sont parfois les points à traiter les plus indispensables lors du conseil.
En conclusion, afin d'améliorer la réinsertion des NBP, les auteurs de l'étude recommandent notamment de leur donner un meilleur accès aux mesures relatives au marché du travail et de clarifier leurs attentes le plus tôt possible. (ats)