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Les comptes cantonaux meilleurs que prévu malgré la crise sanitaire

Ces résultats s'expliquent notamment par des recettes fiscales et une part au bénéfice de la BNS plus élevés qu'attendu. Pour l'heure, Genève et Uri sont les deux seuls cantons affichant des chiffres rouges.

Parmi les cantons romands qui ont déjà publié des comptes dans le noir: le Valais (2,3 millions de francs), Fribourg (0,8 million) et Neuchâtel (0,8 million).
Keystone
Parmi les cantons romands qui ont déjà publié des comptes dans le noir: le Valais (2,3 millions de francs), Fribourg (0,8 million) et Neuchâtel (0,8 million).
02 avril 2021, 9h58
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Les cantons ont pu contenir la facture du Covid-19 l'an dernier. Dix-sept des 20 cantons ayant déjà publié leurs comptes 2020 affichent des résultats meilleurs que prévu. Dans la plupart des cantons, ces résultats s'expliquent notamment par des recettes fiscales et une part au bénéfice de la BNS plus élevés qu'attendu.

"On ne s'y attendait pas", a réagi Ernst Stocker, conseiller d'Etat zurichois et président de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des finances (CDF), contacté par Keystone-ATS.

Pour l'heure, seuls Neuchâtel, Berne et Appenzell Rhodes-Extérieurs enregistrent des bénéfices moins importants que budgétisé: 0,8 million pour le premier, selon un résultat provisoire, soit une détérioration de 4,6 millions, et 9,5 millions pour Appenzell (-8 millions).

Berne pour sa part enregistre un bénéfice de 40 millions de francs. Ce résultat "est globalement meilleur que prévu, mais il reste néanmoins inférieur de 180 millions de francs environ au montant budgété avant que n'éclate la pandémie de Covid-19", selon le Conseil-exécutif.

Un rouge atténué

Genève et Uri sont les deux seuls cantons affichant des chiffres rouges. Mais tous deux essuient un déficit inférieur aux attentes. Au bout du lac, il est de 486 millions, soit 87 millions de moins que redouté. "L'heureuse surprise" vient de revenus supplémentaires à hauteur de 445 millions de francs.

D'importantes transactions immobilières, des correctifs d'impôts de personnes physiques et une part supplémentaire du bénéfice de la Banque nationale suisse (BNS) viennent aussi compenser le coût du Covid-19. De son côté, Uri enregistre un excédent de dépenses de 8,2 millions de francs, contre 13,8 au budget.

Bénéfice record à Zoug

Les deux autres cantons romands ayant publié leurs comptes sont dans le noir: le bénéfice est de 2,3 millions pour le Valais (contre 0,1 million au budget) et de 0,8 million pour Fribourg (contre 0,4 million).

Outre-Sarine, Bâle-Ville affiche un excédent de recettes de 302 millions (+286 millions par rapport au budget), l'Argovie de 288,2 millions (+236) et Saint-Gall de 179 millions (+153). Et Lucerne double son bénéfice par rapport au budget, passant d'un gain de 64 millions à 128 millions.

Le bénéfice de l'Etat zougois devrait s'élever à près de 285,5 millions de francs: du jamais vu dans l'histoire du canton. C'est 136,8 millions de plus qu'espéré. Outre l'argent de la BNS, Zoug a bénéficié de la Réforme fiscale et financement de l'AVS (RFFA), entrée en vigueur le 1er janvier 2020. Avec cette réforme, la part cantonale de l'impôt fédéral direct est passée de 17 à 21,2%.

Prudence

Plusieurs cantons (ZH, SO, GL, SZ, NW, OW, AI) enregistrent pour leur part un bénéfice, alors qu'ils tablaient sur des chiffres rouges. Les comptes zurichois affichent ainsi un bénéfice de 499 millions de francs, alors que le budget prévoyait une perte de 12 millions.

Schwytz enregistre finalement un bénéfice de 97,4 millions, dépassant de plus de 100 millions les attentes. Et Soleure passe d'un déficit de 10,4 millions à un excédent de recettes de 59 millions.

Pour l'année en cours, la prudence est de mise. La pandémie rend les prévisions difficiles, met en garde Bâle-Ville, alors que le Valais estime que les répercussions à moyen et long terme de la crise sanitaire et économique restent "incertaines".

Berne avertit que le Covid-19 laissera des traces "profondes" dans les prochains budgets et affectera fortement les recettes fiscales en 2021. Neuchâtel va plus loin et prévoit des déficits de 100 millions entre 2022 et 2025.

L'influence des aides économiques

Ernst Stocker abonde dans le même sens, avançant que "la pandémie est loin d'être terminée". Il souligne aussi que les mesures d'aide économique adoptées pèseront fortement sur les comptes 2021.

En outre, en cas de ralentissement économique prolongé, les cantons auront des dépenses supplémentaires à moyen terme dans les domaines du social et de la santé, pas forcément en lien direct avec le coronavirus, estime le Zurichois.

Il relève aussi que les résultats 2020 sont liés aux recettes fiscales de la bonne année 2019 et de celles antérieures. Mais que les entreprises ayant subi de lourdes pertes en raison de la crise ne paieront probablement pas d'impôts pendant longtemps.

M. Stocker indique que les cantons ont supporté des charges de quelque 2,7 milliards de francs dans le cadre de la pandémie. Des charges liées notamment aux hôpitaux, à indemniser après le report des opérations non urgentes et qui ont de plus des coûts supplémentaires avec les cas graves du coronavirus. A cela s'ajoutent l'achat de matériel médical ainsi que des déficits dans les entreprises de transports publics régionaux en raison du télétravail. (ats)