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Le programme d'investissement américain soulève l'espoir en Suisse

Joe Biden a proposé mercredi d'investir 2000 milliards de dollars dans les infrastructures du pays. Les spécialistes s'attendent à ce que les sociétés helvétiques puissent rafler une partie des commandes.

Le projet, qui vient s'ajouter à un plan de relance du même montant, prévoit notamment d'injecter 620 milliards dans les transports, afin de moderniser plus de 32.000 km de routes et 10.000 ponts.
Keystone
Le projet, qui vient s'ajouter à un plan de relance du même montant, prévoit notamment d'injecter 620 milliards dans les transports, afin de moderniser plus de 32.000 km de routes et 10.000 ponts.
01 avril 2021, 13h31
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Le gigantesque programme d'investissement dans les infrastructures dévoilé par le président américain Joe Biden soulève l'espoir auprès des entreprises suisses. Les spécialistes s'attendent à ce que les sociétés helvétiques, de par leur spécialisation et leur présence en Amérique du Nord, puissent rafler une partie des commandes.

"L'état des infrastructures aux Etats-Unis est inquiétant, voire catastrophique", estime John Plassard. Selon le directeur adjoint chez Mirabaud Banque, le réseau national électrique, le système d'assainissement de l'eau, les écoles, les aéroports et le réseau routier "se trouvent dans un état lamentable".

Alors que l'investissement nécessaire est évalué par la banque genevoise à plus de 4000 milliards de dollars sur les dix prochaines années, le nouveau locataire de la Maison-Blanche a proposé mercredi d'investir 2000 milliards de dollars (près de 1900 milliards de francs) dans les infrastructures du pays et de créer des millions d'emplois.

Le projet, qui vient s'ajouter à un plan de relance du même montant, prévoit notamment d'injecter 620 milliards dans les transports, afin de moderniser plus de 32.000 km de routes et 10.000 ponts.

Quelque 480 milliards sont par ailleurs dédiés et la recherche et l'industrie, notamment dans des secteurs stratégiques comme les semi-conducteurs et l'informatique, souligne la Banque cantonale de Genève (BCGE).

«Les sociétés suisses pourraient être leurs sous-traitants»

Baptisé "Build back better" ("reconstruire mieux"), le plan vise également une "révolution des véhicules électriques" avec le passage à l'électrique pour 20% des bus de ramassage scolaire.

Cet ambitieux programme doit permettre de moderniser les réseaux de transport, notamment ferroviaire, l'infrastructure de bornes électriques, les réseaux électriques dits intelligents, la couverture 5G et le secteur de l'énergie.

"Les entreprises américaines seront bien entendu les premières sur la liste, mais les sociétés suisses pourraient être leurs sous-traitants", estime M. Plassard.

La faîtière des entreprises helvétiques, Economiesuisse, est tout aussi optimiste. "Un tel mégaprojet, qui pourrait être complété par des programmes fédéraux, aurait un impact sur les sociétés suisses. Il se traduirait non seulement par une croissance de la demande pour les produits helvétiques, mais aurait également d'importants effets indirects", souligne Jan Atteslander, membre de la direction de la fédération.

"Si les Etats-Unis améliorent leur infrastructure, ils deviennent plus compétitifs, ce qui serait positif pour les sociétés suisses implantées en Amérique du Nord", ajoute-t-il. L'e-commerce américain, qui se trouverait renforcé par le programme d'infrastructure, soutiendrait également les exportations suisses.

Les PME aussi

Les attentes sont élevées. Selon le dernier sondage de Credit Suisse et CFA Society Switzerland, 75% des analystes interrogés estime que l'économie helvétique va bénéficier du programme d'investissement américain.

Björn Rosengren, patron du groupe d'ingénierie ABB, pour lequel les Etats-Unis représentent 23% du chiffre d'affaires total, avait ainsi récemment indiqué que la modernisation des infrastructures américaines offrait un potentiel énorme à la multinationale zurichoise.

Chez le géant des matériaux de construction Lafargeholcim, solidement implanté en Amérique du Nord, le directeur général Jan Jenisch a indiqué jeudi être "ravi des solides perspectives de croissance" qu'apporte le projet du président démocrate.

D'autres sociétés pourraient également en bénéficier, notamment le constructeur ferroviaire Stadler ou le spécialiste des compteurs électriques Landis+Gyr.

Mais les PME pourraient également obtenir leur part du gâteau, grâce à leur savoir-faire dans des secteurs de niche, indique M. Atteslander. Pour les soutenir sur ce gigantesque marché, elles peuvent faire appel aux programmes de promotion de l'exportation de l'association Switzerland Global Enterprise, à la Chambre de commerce Suisse-Etats-Unis ou aux Chambres de commerce cantonales. (AWP)