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Le Groenland débat d’un retour dans l’Union européenne

Le parlement groenlandais a débattu de l’UE à l’initiative du parti d’orientation socio-libérale Demokraatit.

Le cas du Groenland met en évidence le fait que souveraineté ne rime pas toujours avec indépendance.
Le cas du Groenland met en évidence le fait que souveraineté ne rime pas toujours avec indépendance.
Damien Degeorges
Spécialiste des pays nordiques
20 octobre 2016, 22h41
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A contre-courant ou ironique, c’est selon. A contre-courant dans un contexte post-référendaire britannique où l’enjeu pour des territoires non membres de l’UE ayant un lien avec celle-ci est avant tout de savoir à quoi elle ressemblera post Brexit. Ironique car l’histoire se passe au Groenland, seul territoire à ce jour à avoir quitté l’Union (à l’époque la Communauté économique européenne). Le parlement groenlandais a débattu de l’UE à l’initiative du parti d’orientation socio-libérale Demokraatit. Leur objectif était d’obtenir du gouvernement groenlandais qu’il présente d’ici à 2018 une étude sur les avantages et les inconvénients d’un retour du Groenland au sein de l’Union, ensemble que le territoire a quitté en 1985. Sans surprise, la coalition gouvernementale dirigée par le parti d’orientation socio-démocrate et historiquement opposé à l’UE, Siumut, n’a pas donné suite à cette demande. La discussion au parlement groenlandais, assemblée de 31 membres, n’a pas manqué de venir sur le terrain de l’éternel débat relatif à l’indépendance de ce territoire autonome danois grand comme près de quatre fois la France et dont la population avoisine celle de Chambéry. D’un côté, les tenants d’un discours tendant à démontrer que le Groenland gardera le contrôle de sa destiné en restant en dehors de l’Union européenne. De l’autre, un discours encore minoritaire expliquant que le Groenland pourrait ne jamais devenir indépendant. En réalité, le cas du Groenland met en évidence le fait que souveraineté ne rime pas toujours avec indépendance. L’île arctique regorge d’atouts stratégiques mais reste très loin d’être en mesure de gérer, de par notamment un manque de personnels qualifiés, ce potentiel qui pourrait permettre d’envisager, en théorie, une indépendance économique du territoire vis-à-vis du Danemark et de l’Union européenne. L’émergence d’enjeux de sécurité, du fait entre autres de l’intérêt d’acteurs chinois dans le cadre du développement économique du Groenland, a d’ores et déjà mis en évidence les limites de «l’indépendance» dans le cadre de l’autonomie actuelle. Autant dire que la souveraineté ne donnerait pas au Groenland une plus grande marge de manoeuvre. Bien au contraire même, si un Etat groenlandais, qui serait à l’évidence dépourvu de forces armées à l’instar de l’Islande voisine, venait à voir sa défense assurée directement par les Etats-Unis ou l’Otan. La candidature de l’Islande à l’UE n’est plus d’actualité depuis 2015, suite à la demande du gouvernement islandais. Le 29 octobre prochain auront lieu en Islande des élections législatives anticipées. Le résultat du scrutin pourrait relancer un débat européen loin d’être éteint sur l’île, à l’instar de ses volcans. Alors que le Groenland n’a qu’un statut de pays et territoire d’outre-mer vis-à-vis de l’UE, comme c’est par exemple le cas de la Nouvelle-Calédonie, l’Islande est membre du marché intérieur, de par l’Espace Economique Européen, et de l’espace Schengen, autrement dit bien davantage liée à l’Union. Le référendum relatif au Brexit est entre temps passé par là et il serait bien imprudent d’envisager quelconques développements dans le sens d’un rapprochement supplémentaire du Groenland et de l’Islande avec l’UE tant que le résultat des négociations prévues entre le Royaume-Uni et l’UE ne sera pas connu. Encore quelques années de patience, si tout va bien. * auteur du blog Planète Arctique sur LeMonde.fr – http://arctique.blog.lemonde.fr