Si la situation s’améliore dans certaines régions comme le Valais ou Fribourg, il est encore trop tôt pour parler de plateau au niveau des contaminations au coronavirus et des hospitalisations, prévient l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Lors d’un point presse mardi, la vice-présidente de la task force Covid-19, Samia Hurst, s’est montrée encore plus prudente: «Aucun indicateur ne montre la nette diminution nécessaire à un ralentissement significatif de l’épidémie. Les six régions de plus forte endémie rapportées par l’OMS Europe se trouvent en Suisse. Cet état nous place dans une situation de risques importants pour la santé physique et mentale des personnes, pour l’économie, pour la société et pour la réputation de la Suisse.» Elle a néanmoins concédé un ralentissement de la croissance de la pandémie.
Qui dit ralentissement ne dit cependant pas déclin: «Pour avoir une baisse, le taux de reproduction du virus doit se situer sous la barre de 1 contre 1,05 actuellement.» Cela signifie que dix individus en contaminent en moyenne 10,5 autres. Il faudrait ramener ce chiffre à 7 voire 6 pour stabiliser le système de santé.
Le nombre de patients admis aux soins intensifs double tous les dix jours. «A ce rythme, les soins intensifs risquent d’être remplis vers la mi-novembre. Nous ne pouvons pas exclure le tri des patients», avertit Samia Hurst.
Prudence sur le vaccin
La vice-présidente de la task force est aussi revenue mardi sur l’annonce de l’efficacité du vaccin développé par Pfizer. «Cette nouvelle apporte beaucoup d’espoir. Or de l’espoir nous n’en avons pas eu beaucoup. Toutefois, notre conseil reste de faire preuve de la plus grande prudence. De nombreux aspects doivent encore être clarifiés.»
Et d’ajouter: «Jusqu’au printemps 2021, le développement et le déploiement des vaccins n’auront presque certainement pas d’impact sur les mesures que nous devons prendre pour lutter contre la pandémie. Ce n’est absolument pas le moment de relâcher nos efforts.» A ses yeux, il est également trop tôt pour savoir quand un vaccin sera disponible.
Selon le médecin cantonal bâlois, Thomas Steffen, qui a aussi pris la parole lors du point presse, il y a de bonnes chances que nous puissions atteindre la stabilité cet hiver, en poursuivant les mesures actuelles.
Alors que les Suisses semblent devoir s’habituer à vivre avec le Covid-19, les hôpitaux ne doivent-ils pas agir en augmentant leurs effectifs? Pour l’OFSP, ils ont déjà pris nombre de mesures: report des interventions non urgentes, création de places supplémentaires aux soins intensifs et transfert dans d’autres établissements.
Hôpitaux saturés en 2015
Il arrive fréquemment que la grippe saisonnière, pas encore présente en Suisse cet automne, provoque des saturations, sans toutefois devoir transférer des patients dans d’autres cantons. En 2015 et 1998, débordé, le CHUV appelait ses hôpitaux voisins à la rescousse.
La grippe saisonnière touche entre 5% et 10% de la population. Entre 1000 et 5000 malades doivent être hospitalisés chaque année en Suisse, selon les chiffres des caisses maladie. En ce qui concerne le coronavirus, le nombre d’hospitalisations atteint 9448 depuis le début de la pandémie. Le virus Influenza fait en moyenne 1500 victimes par an. Depuis son apparition en mars, le Covid-19 a fait 2683 victimes en Suisse, d’après les données publiées par l’OFSP mardi.